Fuites sur Nord Stream : l’UE dénonce un «sabotage», il est «stupide» d’accuser la Russie répond Moscou

Hors service à cause de la guerre en Ukraine, les gazoducs Nord Stream reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique ont été tous deux touchés par des fuites précédées d’explosions sous-marines.

    Le mot « sabotage » a été lâché depuis que des fuites spectaculaires sur les gazoducs Nord Stream sont visibles au large de l’île danoise de Bornholm, entre le sud de la Suède et la Pologne. À la surface, des bouillonnements allant de 200 m jusqu’à un kilomètre de diamètre. Le gazoduc Nord Stream 2 avait subi une forte chute de pression lundi, suivi quelques heures plus tard de Nord Stream 1 dont il suit le tracé sous la Baltique. L’hypothèse de défaillances accidentelles simultanées semblait mercredi écartée. Mais la méthode utilisée reste inconnue comme l’auteur présumé, objet de multiples conjectures.

    Les regards se sont rapidement tournés vers Moscou. « Il était assez prévisible » que certains mettent la Russie en cause, a commenté ce mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « Prévisible, stupide et absurde », a-t-il ajouté, affirmant que les fuites touchant Nord Stream 1 et 2 étaient « problématiques » pour Moscou, car le gaz russe qui s’en échappe « coûte très cher ».

    Moscou veut une réunion du Conseil de sécurité

    Moscou va demander une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU « dans le cadre des provocations concernant les gazoducs Nord Stream 1 et 2 », a prévenu la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova. Selon les autorités danoises, il faudra « une ou deux semaines » avant de pouvoir inspecter les gazoducs endommagés, hors service à cause de la guerre en Ukraine mais tout de même alimentés en gaz.

    VIDEO. Gazoducs Nord Stream : des « explosions pas naturelles » constatées avant les fuites

    La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen qui s’est entretenue avec la Première ministre danoise Mette Frederiksen a « parlé d’acte de sabotage Nord Stream ». « Il est primordial d’enquêter sur les incidents et de faire toute la lumière sur les événements. Toute perturbation délibérée de l’infrastructure énergétique européenne active est inacceptable et entraînera la réponse la plus ferme possible », a-t-elle ajouté.

    Peu avant, la Première ministre danoise avait déclaré que « l’avis clair des autorités est qu’il s’agit d’actes délibérés. On ne parle pas d’un accident ». Comme le Danemark, la Suède n’y voit pas un acte d’agression contre elle, les incidents ayant eu lieu en dehors des eaux territoriales, dans les zones économiques exclusives.

    Des explosions avant les fuites

    L’institut sismique suédois a enregistré deux explosions sous-marines « très probablement dues à des détonations, avant l’incident, comme ses équivalents norvégien et danois. De son côté, le gouvernement norvégien a décidé de « renforcer la préparation aux situations d’urgence en ce qui concerne les infrastructures et les installations à terre et en mer sur le plateau continental norvégien ». Oslo assure encore qu’une enquête est en cours. Le renseignement suédois a également été saisi d’une enquête pour « sabotage aggravé ».

    À Kiev, le conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak a dénoncé « une attaque terroriste planifiée » par Moscou, sans avancer de preuves. De son côté, le Premier ministre polonais a également suggéré une implication russe. « Nous voyons clairement que c’est un acte de sabotage, qui marque probablement la prochaine étape de l’escalade de la situation en Ukraine », a déclaré Mateusz Morawiecki.

    Côté américain, Washington, après s’être refusé à « confirmer » un acte de sabotage, a dit examiner des informations selon lesquelles les fuites sont « le résultat d’une attaque ou d’une sorte de sabotage ». « Si c’est confirmé, ce n’est clairement dans l’intérêt de personne », a déclaré le secrétaire d’État Antony Blinken.

    Le Danemark a dépêché sur place deux navires militaires accompagnés d’hélicoptères, et a placé en état d’alerte orange ses infrastructures énergétiques, le deuxième niveau de vigilance le plus élevé. « Les fuites de gazoducs sont extrêmement rares et nous voyons donc une raison d’augmenter le niveau de vigilance » après les incidents des 24h, a expliqué le directeur de l’Agence danoise de l’énergie, Kristoffer Böttzauw.

    La navigation a été interdite dans un rayon de cinq milles nautiques (environ neuf kilomètres) autour des trois fuites, ainsi que leur survol dans un rayon d’un kilomètre. Selon les autorités danoises, les incidents sont sans conséquences pour la sécurité ou la santé des riverains.