Guerre en Ukraine : le soldat russe Vadim Chichimarine condamné à la prison à vie

Ce jeune soldat russe était le premier jugé pour crime de guerre depuis le début de l’offensive en Ukraine. Son avocat a déjà annoncé qu’il ferait appel du verdict, rendu ce lundi.

    Il pourrait avoir l’air dur, avec son crâne rasé de militaire et sa mâchoire serrée, mais son regard d’enfant perdu écrase tout. Ce lundi, le sergent Vadim Chichimarine, 21 ans, a appris dans un box en verre qu’il finirait ses jours en prison. Il comparaissait depuis mercredi devant un tribunal ukrainien. Son visage imberbe restera celui du premier procès pour crime de guerre, moins de trois mois après le début du conflit. Au quatrième jour de l’invasion russe de l’Ukraine, le jeune soldat a tué d’une rafale d’AK-74 un commerçant ukrainien qui poussait son vélo, téléphone à l’oreille, dans un village près de Soumy, au nord-est du pays. Oleksandre Chelipov avait 62 ans, il est mort à quelques mètres de chez lui.

    Lors de son procès la semaine dernière, Vadim Chichimarine a reconnu l’avoir tué. Il s’est dit « sincèrement désolé » et a « demandé pardon » à la veuve de la victime. « Je regrette ce que j’ai fait (…) J’étais nerveux dans cette situation. Je ne voulais pas tuer ». Il a justifié son acte par les « ordres » reçus à ce moment-là. L’argument n’a pas convaincu les procureurs. « Il exécutait un ordre criminel et en était bien conscient », a lancé l’accusation, qui a réclamé la prison à perpétuité.

    « Compte tenu de toutes les preuves et témoignages, je crois que M. Chichimarine n’est pas coupable du crime dont il est accusé », a appuyé son avocat Viktor Ovsiannykov, qui plaidait l’acquittement. Son client, originaire d’Irkoutsk en Sibérie, ne « voulait pas exécuter l’ordre de tirer ». La première fois, le sergent Chichimarine aurait même refusé d’obéir, soutient-il.

    Selon l’accusation, il commandait une petite unité au sein d’une division de chars quand son convoi a été attaqué. Vadim Chichimarine a été arrêté alors qu’il cherchait à s’enfuir avec quatre autres militaires à bord d’une voiture volée. La défense, elle, souligne qu’il s’était rendu volontairement aux forces ukrainiennes. Ce premier procès, historique, n’est que le début d’une interminable série : l’Ukraine a déjà ouvert plus de 12 000 enquêtes pour crimes de guerre.