Indépendance du Kurdistan irakien : le «oui» remporte le référendum avec 92%

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a exigé mercredi l'annulation des résultats, Bagdad ne reconnaissant pas le scrutin.

Le Kurdistan irakien a organisé un référendum pour son indépendance le lundi 25 septembre 2017.
Le Kurdistan irakien a organisé un référendum pour son indépendance le lundi 25 septembre 2017. AFP/SAFIN HAMED

    Le référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien organisé lundi a offert une large victoire au «oui», sur fond de tensions avec Bagdad, qui ne reconnaît pas le scrutin. Selon des résultats officiels publiés en milieu d'après-midi mercredi, le «oui» l'a emporté avec 92,73% des voix. «Sur 3.305.925 votants, le oui a obtenu 92,73% et le non 7,27%», a affirmé la commission électorale, précisant par ailleurs que la participation avait atteint 72,16%.


    Ce scrutin a été vivement dénoncé par le pouvoir central irakien et les pays voisins. Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a exigé mercredi l'annulation des résultats. «Le référendum doit être annulé et un dialogue doit s'ouvrir dans le cadre de la Constitution. Nous ne discuterons jamais du résultat du référendum», a-t-il déclaré devant les députés du Parlement irakien. «Nous imposerons la loi irakienne dans toute la région du Kurdistan en vertu de la Constitution», a-t-il ajouté.

    Haider al-Abadi a également intimé l'ordre à Barzani de remettre aux autorités centrales le contrôle de ses deux aéroports régionaux, à Erbil et Souleimaniyeh. En cas de refus, tous les vols internationaux depuis et vers le Kurdistan seront interdits à partir de vendredi. Les compagnies nationales aériennes du Liban et d'Egypte ont annoncé mercredi la suspension à partir de vendredi de leurs vols à destination d'Erbil, à la demande des autorités de Bagdad.

    Le ministre des Transports du Kurdistan, Mawloud Bawah Mourad, a de son côté relevé mercredi que les aéroports d'Erbil et de Souleilanyeh avaient été construits avec l'argent de la région autonome. Leur fermeture affecterait «l'aide apportée à la coalition (internationale) dans sa guerre contre le terrorisme», a-t-il prévenu.

    Des craintes d'affrontements

    Dans un discours prononcé mardi soir, Massoud Barzani a adopté un ton plus conciliant : «Au lieu de sanctions, venez aux négociations afin d'aboutir à un meilleur avenir pour vous et pour nous», a-t-il dit. Massoud Barzani a assuré la communauté internationale que ce référendum ne vise pas à «délimiter la frontière (entre le Kurdistan et l'Irak) ni à l'imposer de facto».

    Dimanche, à la veille du vote, le pouvoir central irakien avait demandé aux pays étrangers de ne traiter qu'avec lui pour toutes les transactions pétrolières, l'or noir étant la principale source de revenus du Kurdistan irakien. Le Parlement de Bagdad a voté dès lundi une résolution réclamant le déploiement des forces «dans toutes les zones» disputées. Celle-ci n'a pas encore été concrètement appliquée. Mais mardi, des soldats irakiens ont participé à des exercices militaires frontaliers de l'armée turque, a constaté un journaliste de l'AFP. Mercredi, le Parlement de Bagdad a réitéré sa demande auprès du Premier ministre, comme le précise Reuters.

    A Kirkouk, les Arabes comme les Turkmènes, qui ont boycotté le scrutin, assurent ne pas craindre pour leur présence dans cette province. Mais dans les autres territoires disputés, la crainte que la situation dégénère existe. «Nous avons peur qu'il y ait des affrontements entre l'armée irakienne et les peshmergas après la décision du Parlement d'envoyer des troupes», a dit cheikh Haytham al Hom, chef d'une des grandes tribus sunnites de la province de Dyala. A l'étranger, ce scrutin est toujours aussi largement critiqué, tout particulièrement par la Turquie, la Syrie et l'Iran, trois pays voisins comptant des minorités kurdes.