Les midterms, première épreuve des urnes pour Trump

Défait en 2016, le camp démocrate espère prendre sa revanche dans une semaine, lors des élections intermédiaires. Si le parti conquiert l’une des deux chambres, la situation deviendra délicate pour le président.

 Les Américains sont appelés aux urnes le 6 novembre.
Les Américains sont appelés aux urnes le 6 novembre. AFP/Saul Loeb

    « Cette présidence Trump n'ayant rien d'ordinaire, tout le monde est d'accord, dans les partis ou parmi les observateurs, pour dire que les élections de mi-mandat du 6 novembre vont être les plus importantes depuis 1994, quand les Républicains avaient réussi, face à Bill Clinton, à renverser le Congrès en reprenant d'un seul coup le contrôle des deux chambres. »

    Pour Vincent Michelot, professeur d'histoire politique des États-Unis à l'IEP de Lyon, l'événement est si exceptionnel qu'il reste encore largement imprévisible. Mais l'enjeu est clair : « Si l'une des deux chambres bascule dans le camp démocrate, il deviendra beaucoup plus compliqué pour Trump de gouverner, à part en matière de politique étrangère. »

    Le Sénat hors d'atteinte

    Sauf énorme surprise, il est peu probable que le Parti démocrate réussisse à rejouer à l'envers la partie gagnée par son rival républicain il y a deux décennies. Faire basculer la chambre haute du Congrès, aujourd'hui à majorité républicaine, semble hors de portée des démocrates. Car, contrairement à la Chambre des représentants, qui est renouvelée à 100 % tous les deux ans, seuls un tiers des 100 sièges de sénateurs (deux par État) est remis en jeu durant cette même période.

    Les sénateurs sont élus au suffrage universel direct pour un mandat de six ans. Le contingent des 33 sénateurs soumis à renouvellement (+ deux démissions) avait été élu en 2012, un cru très favorable aux démocrates. Ces derniers disposent actuellement de 47 sièges contre 51 aux républicains. Il faudrait, pour faire basculer le Sénat, que les Bleus (couleur des démocrates) parviennent à conserver la totalité de leurs 25 sièges en jeu -ce qui paraît très difficile- tout en en gagnant deux autres.

    Bataille cruciale pour la Chambre des représentants

    Les élections ont lieu partout dans les 435 circonscriptions. La répartition actuelle est de 235 pour les républicains contre 193 sièges pour les démocrates (sept autres étant vacants). Les élections de mi-mandat étant traditionnellement compliquées pour le camp au pouvoir, un renversement de majorité semble se dessiner selon les sondages. Le vote des femmes et des minorités, dont la mobilisation insuffisante avait coûté la victoire à Hillary Clinton en 2016, pourrait cette fois donner du vent dans le dos aux démocrates dont les budgets de campagne, alimentés par les donateurs privés, sont supérieurs à ceux des républicains.

    Les primaires ont permis aux Bleus de renouveler largement leurs candidats avec l'arrivée de jeunes, plus à gauche, de femmes et de représentants des minorités. « Mais attention à l'effet d'optique, souligne Vincent Michelot : dans de nombreuses circonscriptions conservatrices, les démocrates seront représentés par des candidats au profil très modéré souvent favorables au port d'armes ou hostiles à l'accès à l'avortement. »

    36 gouverneurs, 6070 parlementaires locaux, 160 référendums

    Les Américains font les choses en grand. La bataille pour les postes de gouverneurs des États et des parlements locaux ne sera pas non plus sans enjeu. Ici où là, des référendums locaux sont aussi organisés sur les sujets les plus divers. Quand les bureaux de vote ouvriront mardi 6 novembre, près de 40 % des électeurs auront déjà fait leur devoir grâce au « early voting » qui permet d'anticiper. De quoi gonfler la participation qui ne dépasse guère 40 % des inscrits lors des midterms.