Italie : les deux partis populistes révèlent leur programme anti-austérité et anti-immigration

Hostiles aux «diktats de Bruxelles», le MS5 et la Ligue souhaitent néanmoins rester dans l’euro. Mais le Premier ministre chargé d’appliquer ces propositions reste à trouver.

 Une personne consulte le site du mouvement anti-système MS5, où les militants sont invités à approuver les propositions du programme de gouvernement dévoilé ce vendredi.
Une personne consulte le site du mouvement anti-système MS5, où les militants sont invités à approuver les propositions du programme de gouvernement dévoilé ce vendredi. AFP

    Des discours aux actes. Les populistes italiens ont rendu public vendredi un « contrat de gouvernement » qui, s'il ne prévoit pas de sortie unilatérale de l'euro, tourne résolument le dos à l'austérité et aux « diktats» de Bruxelles.

    Ce programme commun entre le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) et la Ligue (extrême droite) affirme aussi son caractère nettement à droite sur les thèmes comme l'immigration ou la sécurité.

    Il sera en principe présenté lundi au président Sergio Mattarella en vue de former, dans les jours suivants, le premier gouvernement antisystème dans un pays fondateur de l'Union européenne. Mais encore faudra-t-il lui trouver un chef.

    Un vote des militants pour approuver les propositions

    « C'est un moment historique », a annoncé le chef de file du M5S, Luigi Di Maio, 31 ans, en révélant sur Facebook ce texte en 30 points présentés par ordre alphabétique sur une soixantaine de pages.

    Les militants sont invités à voter jusqu'à 20 heures sur «Rousseau», la plate-forme internet du M5S, formation qui prône la démocratie participative depuis son lancement en 2009 par le comique Beppe Grillo.

    D'une façon générale, ce « contrat de gouvernement du changement » tourne résolument le dos à l'austérité et parie sur une politique de croissance pour réduire la colossale dette publique italienne.

    Il ne parle plus explicitement d'une sortie de l'euro, comme cela avait été le cas dans de premières ébauches, mais entend «revoir, avec les partenaires européens, le cadre de la gouvernance économique », y compris la monnaie unique, pour revenir à une Europe des pères fondateurs, de « paix, de fraternité, de coopération et de solidarité ». De quoi préoccuper les partenaires européens, qui ont régulièrement rappelé l'Italie au respect des règles européennes et les marchés financiers.

    Un programme à 100 milliards par an

    Selon certains experts, il n'y a pourtant, pas encore, péril en la demeure. « Par rapport aux projets précédents, le texte est beaucoup plus modéré », a jugé Giovanni Orsina, professeur de sciences politiques à l'université Luiss de Rome. Reste cependant, souligne-t-il, le « problème du financement » de toutes les mesures préconisées, dont le coût total a été estimé par certains experts à plus de 100 milliards d'euros par an.

    Dans le pays le plus vieux du monde après le Japon, les deux partis prévoient ainsi d'abaisser l'âge de la retraite, qui devait passer à 67 ans en 2019. Deux promesses-phares des partis sont bien là: une réforme fiscale avec des baisses d'impôts drastiques pour la Ligue et l'instauration d'un «revenu de citoyenneté » de 780 euros par mois pour le M5S.

    L'interdiction des francs-maçons au gouvernement

    Dans cette tentative de synthèse de deux philosophies politiques, on trouve aussi bien la rhétorique du M5S sur l'environnement, les nouvelles technologies ou encore la moralisation de la vie publique que le tour de vis sécuritaire, anti-immigrés et anti-islam de la Ligue.

    Le texte évoque aussi l'abandon des sanctions contre la Russie, l'instauration d'un salaire minimum, un coup d'arrêt à la vente d'Alitalia et une remise à plat du projet de liaison Lyon-Turin, une lutte contre les jeux de hasard ou encore l'interdiction des francs-maçons au gouvernement.