Pacifique : l’île de Guam, symbole américain ciblé par la Corée du Nord

Le régime nord-coréen fait de cette île, administrée par les Etats-Unis, sa cible de réplique prioritaire en cas d'attaque sur son sol.

Vue aérienne de la base navale américaine de Guam, sujette à tensions entre la Corée du Nord et les Etats-Unis. 
Vue aérienne de la base navale américaine de Guam, sujette à tensions entre la Corée du Nord et les Etats-Unis.  Wikicommons

    Donald Trump promet «le feu et la fureur». Kim Jong-un menace de «faire payer aux Etats-Unis le prix de leurs crimes un millier de fois». En quelques heures, la tension est montée de plusieurs crans entre Washington et Pyongyang, après le vote par le Conseil de sécurité de l'ONU, le week-end dernier, d' un renforcement des sanctions contre le régime nord-coréen et son programme de développement de missiles balistiques intercontinentaux.

    Après plusieurs essais concluants en mer du Japon, celui-ci se dit aujourd'hui capable d'atteindre l'ensemble du territoire américain. Une hypothèse confirmée en partie par les observateurs internationaux, qui estiment que Pyongyang peut menacer la façade ouest des Etats-Unis et, plus immédiatement encore, les îles américaines dans le Pacifique.

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    Dans le viseur de Kim Jong-un, l'île de Guam est une cible de choix. Le régime a d'ores et déjà assuré qu'il étudiait avec «attention un plan opérationnel afin de faire feu» sur ce territoire, situé au large des Philippines, à 3400 km au sud-est de la capitale nord-coréenne. La menace n'est pas le fruit du hasard, tant Guam est un symbole de la présence américaine dans le Pacifique.

    Un territoire administré par les Etats-Unis

    Cédée par l'Espagne à l'issue de la guerre hispano-américaine de 1898, l'île n'a plus connu d'autre administrateur que les Etats-Unis, hormis une brève occupation par les Japonais entre 1941 et 1944 achevée par une bataille sanglante (près de 20 000 tués dont 18 000 soldats nippons). Depuis 1950, Guam est officiellement rattachée à Washington en tant que territoire non incorporé et organisé.

    Sous ce statut, l'île n'est pas un Etat américain mais son système de gouvernement est déterminé par un «Organic Act» par le Congrès des Etats-Unis. Son assemblée, composée de 15 élus, est partagée entre démocrates et républicains. Son gouverneur est élu tous les quatre ans. Depuis 2011, le siège est occupé par le républicain Eddie Calvo.

    Une position militaire stratégique

    Administré par Washington, Guam est surtout un élément essentiel de la présence militaire américaine dans l'est du Pacifique. Depuis la fermeture de la base de Subic Bay, aux Philippines, en 1992, elle a même pris une importance stratégique indispensable, aux côtés des bases américaines sur les territoires du Japon et de la Corée du Sud.

    L'île abrite deux bases militaires. Située sur la côte est de l'île, la base navale d'Apra Harbor sert de port d'attaque à la 15e escadrille sous-marine, composée de quatre sous-marins nucléaires d'attaque, et à la Task Force, responsable des opérations côtières dans la zone. Au nord de l'île, la base aérienne Andersen accueille la 36e escadre des Pacific Air Forces.

    Un haut lieu du tourisme

    Derrière l'argument militaire, Guam est aussi un point névralgique du tourisme dans le Pacifique. L'île est réputée pour ses plages et ses cités balnéaires, et le tourisme constitue une grande part de ses revenus.

    Depuis le début de l'année 2017, l'île a répertorié 774 355 visiteurs, dont 42,5% de Japonais et 41,2% de Sud-Coréens. Une provenance géographique qui n'est pas anodine pour Pyongyang : en ciblant Guam, le régime de Kim Jong-un peut aussi frapper indirectement ses deux ennemis les plus immédiats, le Japon et la Corée du Sud, tous deux alliés aux Etats-Unis.