«PAS de violence, PAS de délits, PAS de vandalisme», demande Trump après sa mise en accusation par le Congrès

Des manifestations de ses partisans sont annoncées ce week-end, notamment à Washington, où cinq personnes sont décédées il y a huit jours lors de l’assaut du Capitole. Donald Trump avait encouragé ses partisans à « se battre » contre l’élection qu’il juge frauduleuse.

    Il voulait marquer l'histoire, tel Abraham Lincoln. C'est d'une certaine façon réussi. Donald Trump est devenu mercredi le premier président des Etats-Unis à être mis en accusation pour la deuxième fois au Congrès, une semaine avant la fin de son mandat.

    La Chambre des représentants, à majorité démocrate, a voté pour cet « impeachment » historique par 232 voix contre 197. Dix Républicains ont déposé un bulletin favorable à un nouveau procès, un an après l'affaire ukrainienne. Trump, 74 ans, est accusé d'avoir le 6 janvier dernier encouragé ses partisans à prendre d'assaut le Capitole pour empêcher la certification des résultats électoraux. L'événement a fait cinq morts et ébranlé un peu plus la démocratie américaine.

    Mardi soir, dans une lettre à Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre, le vice-président Mike Pence avait refusé d'invoquer le 25e amendement pour déclarer inapte le président sortant, il avait surtout appelé à ne pas jeter de l'huile sur le feu d'une Amérique ultra-divisée. Mais les démocrates n'ont pas tenu compte de son conseil. « Il doit partir, il est un danger évident et immédiat contre la nation que nous aimons tous », a affirmé Nancy Pelosi au sujet de Donald Trump. Elle a accusé le milliardaire républicain d'avoir « incité à cette insurrection, cette rébellion armée ». « Personne n'est au-dessus de la loi, pas même le président », a-t-elle commenté après le vote.

    « Le président porte une responsabilité dans l'attaque » contre le Congrès, il « aurait dû dénoncer immédiatement » les émeutiers, a reconnu le chef de file des députés républicains Kevin McCarthy, demandant une « commission d'enquête » et le vote d'une « motion de censure ». Il a toutefois estimé qu'une mise en accusation si près de la fin de son mandat était « une erreur ».

    « Aucun de mes vrais partisans ne pourrait jamais cautionner la violence »

    La démarche vise surtout, avec le soutien discret de certains républicains, à sabrer toute possibilité pour Donald Trump de poursuivre en politique, avec le soutien de son mouvement America First et de ses nombreux électeurs.

    Dans une vidéo diffusée par la Maison Blanche mercredi soir, Donald Trump affirme depuis le Bureau ovale qu'il a, la semaine dernière, condamné les événements qui se déroulaient dans la capitale fédérale. Il assure que les émeutiers ne peuvent pas être ses « véritables partisans ». « La violence de la foule va à l'encontre de tout ce en quoi je crois et de tout ce que notre mouvement défend. Aucun de mes vrais partisans ne pourrait jamais cautionner la violence politique. Aucun de mes vrais partisans ne pourrait jamais manquer de respect à la loi et à l'ordre », a-t-il énoncé.

    Et alors que des manifestations sont annoncées ce week-end dans de nombreuses villes dont Washington, crépusculaire sous la surveillance de milliers de soldats armés, le président vaincu a appelé au calme lors de la passation de pouvoirs. « PAS de violence, PAS de délits, PAS de vandalisme », a-t-il exhorté dans un communiqué diffusé par la Maison Blanche. Sans toutefois appeler à accepter le résultat du vote et à ne pas manifester.

    Maintenant que la procédure de destitution est formellement ouverte, il appartient au Sénat de procéder au jugement. Les démocrates prendront le 20 janvier le contrôle de la chambre haute mais auront besoin du ralliement de nombreux républicains pour atteindre la majorité des deux tiers nécessaire à la condamnation.

    Le calendrier est incertain, étant entendu que ce nouveau procès ne pourra se tenir avant l'investiture de Joe Biden mercredi prochain. Diffusées à la télévision, les audiences pourraient accaparer l'attention et entraver l'action législative du début de mandat. « J'espère que le Sénat trouvera une façon de gérer ses responsabilités constitutionnelles à propos du procès en destitution tout en conduisant les affaires urgentes de la nation » a d'ailleurs demandé Joe Biden. Le Sénat doit dans un premier temps confirmer les membres de son gouvernement, son plan de relance de l'économie américaine et la poursuite du plan de distribution des vaccins contre le coronavirus. Celle-ci est, de fait, ralentie par le déploiement de la Garde nationale à Washington le temps de tenir la capitale avant l'investiture, et ne peut donc assurer ses missions d'acheminement des doses dans les Etats.

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