Primaires démocrates : les folles dépenses de Michael Bloomberg

Des millions de dollars dépensés en publicité, des démarcheurs recrutés à la pelle avec appartements de service et salaires mirobolants, l’ancien maire de New-York n’hésite pas à mettre ses milliards au service de sa campagne politique.

 Le candidat aux primaires démocrates et ancien maire de New-York, Michael Bloomberg, est en troisième position dans les intentions de vote nationales.
Le candidat aux primaires démocrates et ancien maire de New-York, Michael Bloomberg, est en troisième position dans les intentions de vote nationales. AFP/Georges Frey

    Aux Etats-Unis, tout est bon pour remporter des élections. À l'aube du caucus du Nevada et du Super Tuesday qui verra 14 Etats se prononcer, dont la Californie, le nouveau candidat démocrate Michael Bloomberg dépense sans compter pour conquérir de nouveaux électeurs. Tout juste entré dans la campagne, mais déjà troisième des six candidats dans les intentions de votes, selon un sondage ABC/Washington Post, l'ancien maire de New-York a décidé de miser sur sa fortune, estimée à 60 milliards de dollars par Forbes, pour remporter les primaires.

    Le Wall Street journal a ainsi révélé que le candidat à la primaire démocrate, recrutait une armée de community managers pour occuper les réseaux sociaux.

    Selon le journal, l'équipe de campagne de Bloomberg « embauche 500 animateurs de communauté qui travailleront 25 à 30 heures par semaine, pour un salaire de 2 500 dollars par mois ». Ils auront pour rôle de « promouvoir Michael Bloomberg auprès de leurs proches, chaque semaine », que ce soit par des textos ou des posts sur les réseaux sociaux, dévoile le journal.

    Du côté de l'équipe de campagne, on qualifie cette stratégie d'un des « moyens les plus efficaces pour atteindre les électeurs est d'activer leurs amis et leur réseau ».

    Problème de transparence sur Facebook

    D'après le WSJ, ces nouveaux moyens de communication exploitent une faille dans le règlement de Facebook, qui mentionne les posts sponsorisés comme Instagram le fait pour les influenceurs qui travaillent pour des marques. En revanche les posts publiés sur des comptes personnels ne rentrent pas dans cette catégorie, ce qui pose un problème de transparence.

    Les porte-parole de la campagne de Bloomberg estiment quant à eux que ces posts s'apparentent à de l'organisation de campagne et non à du sponsoring.

    D'après le journal américain, l'équipe de Bloomberg devrait recruter 2 500 autres démarcheurs payés 500 dollars par mois pour publier quotidiennement sur les réseaux sociaux et livrer tous leurs contacts à la base de données de la campagne.

    400 millions de dollars dépensés en publicités

    Depuis son entrée en campagne, Michael Bloomberg, 78 ans, a déjà dépensé 400 millions de dollars pour se faire une place parmi les cinq autres candidats. Selon le Wall Street journal, l'ancien maire de New-York (de 2002 à 2013) aurait dépassé le budget cumulé en publicité des cinq autres candidats : Bernie Sanders, Elizabeth Warren, Joe Biden, Pete Buttigieg et Amy Klobuchar. Il est actuellement troisième en intentions de votes, derrière Sanders et Biden, alors même qu'il ne fait pas appel aux dons.

    D'après l'Opinion, lors de sa campagne de municipale en 2001, le candidat, à l'époque républicain, avait dépensé cinq fois plus d'argent que son concurrent démocrate Mark J. Green. Bloomberg a depuis basculé dans le camp démocrate, même s'il garde des soutiens chez les conservateurs. Selon la société de recherche sur les médias Borrell Associates, environ 20 milliards de dollars devraient être dépensés dans le cadre de la publicité politique au cours de la présidentielle 2020, dépassant le record de 12 milliards de dollars établi en 2016.

    Salaires mirobolants, appartements de services et ordinateurs portables

    Aux Etats-Unis, on nomme déjà ce phénomène d'inflation « l'effet Bloomberg ». Et il ne se limite pas au secteur de la publicité. D'après une enquête The Intercept, Bloomberg dépense tellement d'argent à recruter des collaborateurs dans tout le pays, que les équipes des autres candidats se vident, à son profit. Les salaires proposés dans la campagne du multimilliardaire sont en effet beaucoup plus intéressants que chez ses concurrents.

    D'après le New-York Times, Bloomberg a déjà recruté des milliers d'employés et ouvert plus de 125 bureaux locaux pour les besoins de sa campagne. Le candidat a même muté des employés de sa firme Bloomberg LP (10 000 employés), et acheté des appartements de service à Manhattan pour loger ses nouveaux salariés. Comme l'a noté le quotidien américain, « le salaire de la campagne pour les organisateurs sur le terrain, l'équivalent de 72 000 $ par an, est bien supérieur aux 42 000 $ offerts par les autres campagnes ». Sans compter les avantages en nature tels que des iphones, ordinateurs portables, etc... Une stratégie qui rappelle celle de Donald Trump en 2015, même si le candidat démocrate doit d'abord détrôner le favori, Bernie Sanders, avant d'espérer un quelconque retour sur investissement.