Venezuela : l’opposition défile contre Maduro dans les rues de Caracas, la pression internationale s’intensifie

Maria Corina Machado, leader de l’opposition vénézuélienne, était ce samedi à la tête d’une manifestation de milliers de partisans à Caracas pour contester la réélection du Président Nicolás Maduro. Plusieurs pays européens ont appelé le pouvoir à publier les documents électoraux.

Déclarée inéligible par le pouvoir, Maria Corina Machado revendique la victoire de son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia, qui l’avait remplacée au pied levé pour le scrutin du 28 juillet. AFP/Federico Parra
Déclarée inéligible par le pouvoir, Maria Corina Machado revendique la victoire de son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia, qui l’avait remplacée au pied levé pour le scrutin du 28 juillet. AFP/Federico Parra

    La tension ne redescend pas au Venezuela. « Jamais le régime n’a été aussi faible », a affirmé samedi Maria Corina Machadole, micro à la main, à la tête d’une manifestation de milliers de partisans à Caracas pour contester la réélection du Président Nicolás Maduro. « Nous n’avons jamais été aussi forts qu’aujourd’hui », a aussi lancé la leader de l’opposition. Déclarée inéligible par le pouvoir, elle revendique la victoire de son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia, qui l’avait remplacée au pied levé pour le scrutin du 28 juillet.

    Le président Maduro a été réélu pour un troisième mandat jusqu’en 2031, avec 52 % des voix face à Edmundo Gonzalez Urrutia (43 %), sans pour autant rendre disponibles les résultats détaillés. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a reconnu dès jeudi la victoire de l’opposition, arguant de « preuves incontestables ». Les chefs d’État ou de gouvernement d’Italie, de France, d’Espagne, des Pays-Bas, d’Allemagne, de Pologne et du Portugal ont appelé « les autorités vénézuéliennes à publier rapidement tous les procès-verbaux afin de garantir la transparence et l’intégrité du processus électoral ».

    Maria Corina Machadole qui avait dit craindre pour sa vie, avait appelé à manifester ce samedi « dans toutes les villes » du pays pour dénoncer les fraudes qui ont permis, selon elle, la réélection du président Nicolás Maduro une semaine plus tôt. Arrivée au rassemblement sur un camion, elle a longuement brandi un drapeau du Venezuela devant ses partisans, acclamée avec les cris « Liberté ! Liberté ! ».

    Le rassemblement, qui avait lieu dans un quartier huppé de Caracas, a rassemblé toutes les classes sociales. « Nous ne sommes pas des terroristes. Nous irons jusqu’au bout » : c’est le message écrit sur une petite pancarte brandie par Jezzy Ramos, 36 ans, cuisinière, reprenant les mots « jusqu’au bout » qui sont l’un des slogans de l’opposition. « Cette dictature va tomber », assure-t-elle.

    Maduro isolé sur la scène internationale

    Au nom de la « paix nationale », des partisans du pouvoir se sont eux rassemblés par milliers dans le centre-ville de Caracas pour marcher jusqu’au palais présidentiel. Selon le chef de l’État, il s’agit de « la mère » de « toutes les manifestations pour célébrer la victoire ». Maduro, l’héritier du leader socialiste Hugo Chavez, est depuis 2013 à la tête d’un pays confronté à une crise économique sans précédent.



    Le dirigeant vénézuélien y a remercié les présidents du Brésil, de la Colombie, et du Mexique, qui « travaillent ensemble pour que le Venezuela soit respecté et que les États-Unis ne fassent pas ce qu’ils font ». Maduro en a profité pour condamner Maria Corina Machadole et son « plan prémédité » par des « fascistes », des « criminels et des drogués » qui s’en sont pris aux « symboles du chavisme bolivarien ».

    Neuf pays d’Amérique latine (Argentine, Costa Rica, Équateur, Guatemala, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine, Uruguay) avaient déjà appelé dans une déclaration commune à un « réexamen complet avec la présence d’observateurs électoraux indépendants ». La liste des pays contestant la victoire de Nicolás Maduro s’allonge. Après les États-Unis ou le Pérou, l’Argentine et l’Uruguay reconnaissent désormais l’opposant Edmundo Gonzalez Urrutia comme président élu du Venezuela.