Chenille processionnaire : de multiples dangers guettent nos pins !

Classées comme nuisibles depuis 2022, les chenilles processionnaires continuent de proliférer en France, menaçant arbres, animaux et humains. Ces larves de papillons de nuit sont, en effet, pourvues de poils urticants qui détruisent tout sur leur passage.

Chenille processionnaire : de multiples dangers guettent nos pins !

Sous nos latitudes, deux espèces sont particulièrement actives : la chenille processionnaire du pin (Thaumetopoea pytiocampa) et la chenille processionnaire du chêne (Thaumetopoea processionea). Pin sylvestre, pin noir, cèdre de l’Atlas et autre résineux de la famille des pins constituent le lieu de vie idéal de la première. Tandis que la seconde s’épanouit sur un chêne sessile, un chêne pédonculé et plus largement tout feuillu de la famille des chênes mais aussi les noyers et les charmes.

Comment reconnaître une chenille processionnaire ?

La chenille processionnaire est une larve de papillon et appartient ainsi à l’ordre des lépidoptères. Son nom lui vient de son déplacement constant en groupe organisé en file indienne comme une procession. Elle ne mesure que quelques millimètres à son éclosion et peut atteindre jusqu’à 40 mm de longueur. Elle présente une couleur brun noire, un ventre jaune et des taches rouges sur les flancs et le dos.

La chenille processionnaire est totalement recouverte de poils urticants et allergisants pour les animaux comme pour les humains. La chenille processionnaire du pin est urticante de l’automne jusqu’au printemps alors que la chenille processionnaire du chêne l’est du printemps jusqu’au début de l’été. Le développement larvaire dure 4 à 8 mois. Quand elle atteint le stade adulte, la chenille processionnaire se transforme en papillon d’une envergure de 35 à 40 mm et de couleur gris brunâtre.

Où vivent les chenilles processionnaires ?

D’après les relevés effectués entre 2007 et 2022 par l’Observatoire des chenilles processionnaires, ces larves ont été observées partout en France. La présence de la chenille processionnaire du pin a d’abord été constatée dans les forêts de conifères des régions atlantique et méditerranéenne. Les hivers, de plus en plus doux, ont, ensuite, favorisé son installation sur tout l’hexagone.

La présence de la chenille processionnaire du pin a d’abord été constatée dans les forêts de conifères des régions atlantique et méditerranéenne.
La présence de la chenille processionnaire du pin a d’abord été constatée dans les forêts de conifères des régions atlantique et méditerranéenne. Copyright (c) 2015 Greg Brave/Shutterstock.

Son implantation vers le Nord-Est a débuté dans les années 1960 et elle s’étend vers l’Île-de-France, depuis 2010, en lien avec le changement climatique. Quant à la chenille processionnaire du chêne, elle s’est développée majoritairement dans les chênaies du Nord-Ouest, de l’Île-de-France et d’une zone à l’Est. Elle s’étend, progressivement, sur tout le territoire en épargnant, pour le moment, certains départements de la moitié Sud.



Quel est le danger des chenilles processionnaires ?

Pour les arbres

Les pins et les chênes dans lesquels les chenilles processionnaires élisent domicile sont sévèrement défoliés (perte massive de feuilles) par l’invasion des colonies de larves. Année après année, ils peuvent perdre de leur vigueur et même dépérir.

Pour les animaux domestiques

Les chenilles processionnaires représentent un grand danger pour les animaux domestiques car elles projettent leurs micro-poils urticants quand elles se sentent menacées. Composés de dards, ces poils libèrent une toxine urticante qui va toucher plus particulièrement :

  • Les chiens et chats : joueurs ou simplement curieux, chiens et chats sont souvent victimes d’atteintes au niveau de la bouche. En reniflant les traces de son passage, léchant une patte douloureuse qui aurait marché sur une larve ou en avalant une chenille, l’animal peut être victime d’une nécrose de la langue et d’atteintes respiratoires. Le chat ou le chien peut aussi présenter un choc allergique si les poils atteignent le système digestif.
  • Les chevaux : ils peuvent ingérer des poils urticants lorsqu’ils broutent ou quand ils se reposent sous les pins. Les chenilles peuvent alors provoquer des irritations de l’épiderme (boutons et cloques). En cas d’ingestion, le cheval peut être victime d’une nécrose de la langue ou d’autres muqueuses de la bouche et des problèmes respiratoires. Il peut également souffrir de troubles de la coagulation ou problèmes rénaux. L’inhalation des poils peut amener une obstruction des voies respiratoires. Les yeux sont aussi concernés par le possible développement d’une conjonctivite, voire d’une cécité si les poils migrent dans les tissus oculaires.

Pour les humains

Il est possible d’être victime des chenilles processionnaires sans même les toucher en entrant en contact avec des poils portés par le vent ou lors d’une tonte de pelouse. Les conséquences sont des atteintes de la peau : éruptions de boutons provoquant de sévères démangeaisons. Le fait de se gratter va casser les poils et libérer la substance urticante (thaumétopoéïne), accentuant les démangeaisons. Une conjonctivite peut apparaître avec le risque d’atteinte oculaire sévère et de cécité.

L’inhalation des poils provoque des troubles respiratoires avec une possible atteinte des poumons. Quant à l’ingestion de poils, elle est source d’inflammation des muqueuses de la bouche et du système digestif provoquant vomissements, douleurs abdominales et choc anaphylactique dans les cas graves.

Comment se débarrasser des chenilles processionnaires ?

Posez des éco-pièges à chenilles, dès le mois de février, pour capturer et détruire les larves.
Posez des éco-pièges à chenilles, dès le mois de février, pour capturer et détruire les larves. Copyright (c) 2015 Greg Brave/Shutterstock.

Si certains arbres de votre jardin sont envahis par ces insectes ravageurs, plusieurs modes de destruction s’offrent à vous :

  1. Détruisez les nids, durant l’hiver, en les prélevant délicatement à l’aide d’un échenilloir et brûlez-les ;
  2. Pulvérisez un insecticide à base de Bacillus thuringiensis var. kurstaki, en automne de préférence, qui va détruire les chenilles ;
  3. Posez des pièges à papillons, à base de phéromones, dès le mois de juillet. Ils vont permettre de capturer les mâles et donc limiter les fécondations.
  4. Posez des éco-pièges à chenilles, dès le mois de février, pour capturer et détruire les larves. Ces pièges sont dotés d’une collerette tournée vers le haut qui enserre le tronc de l’arbre. Elle comporte un trou relié à un tuyau qui permet de faire glisser les chenilles dans un sac fermé.
  5. Installez des nichoirs à mésanges bleues ou charbonnières. La mésange constitue un prédateur naturel des chenilles et peut en manger jusqu’à 40/jour.