JO Paris 2024 : le rêve brisé du lutteur Gagik Snjoyan à cause du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan

Gagik Snjoyan, le lutteur français, a renoncé à disputer le tournoi de qualification olympique à Bakou à partir du 5 avril à cause du conflit ente l’Azerbaïdjan et l’Arménie, son pays d’origine.

Gagik Snjoyan (en rouge) rêvait des JO à Paris mais il a choisi de ne pas participer au TQO à Bakou, en Azerbaïdjan, pays en guerre contre l'Arménie. Icon Sport
Gagik Snjoyan (en rouge) rêvait des JO à Paris mais il a choisi de ne pas participer au TQO à Bakou, en Azerbaïdjan, pays en guerre contre l'Arménie. Icon Sport

    Il y a son rêve. Il y a aussi cette réalité, terrible, brutale, violente. Et lui, Gagik Snjoyan, lutteur français d’origine arménienne, se retrouve écartelé. Les Jeux olympiques à Paris, Gagik y pense tous les jours depuis si longtemps… C’est son quotidien, « sa vie ». Et le tournoi de qualification olympique (TQO) à partir du vendredi 5 avril, pour lequel il avait gagné sa place grâce à ses résultats depuis le début de l’année, pouvait lui permettre de peut-être concrétiser ce projet, de toucher le Graal en -67kg en gréco-romaine.

    Mais ce tournoi se déroule à Bakou, en Azerbaïdjan. Et cela fait plus de 40 ans que l’Arménie et l’Azerbaïdjan sont en conflit et des mois que la guerre s’est intensifiée. Alors, la semaine dernière, lors d’un stage de préparation pour cette échéance importante, Gagik Snjoyan prévient l’encadrement tricolore qu’il ne disputera pas le TQO. « C’est une déception de devoir renoncer, c’est compliqué à vivre, confie-t-il. C’est la décision la plus dure à prendre de ma vie. Cette qualification me fait rêver. La lutte c’est ma vie. » En plein désarroi, le lutteur avoue pourtant : « Au départ j’avais pris décision d’aller en Azerbaïdjan. J’étais décidé à ne pas changer quoi qu’il arrive. »

    « Ma mère n’a pas voulu comprendre »

    Gagik Snjoyan a fini par renoncer. « Ma mère n’a pas voulu essayer de comprendre ce que représentaient la lutte et une qualification pour les JO de Paris pour moi, souffle-t-il. Elle a juste pensé à la sécurité de son fils. Quand j’ai vu dans quel état elle était, j’ai finalement décidé de renoncer à ce TQO. » Il n’avait pas le choix.

    Yvon Riemer, le manager général de la cellule 2024, connaissait le contexte. « On était au courant, on avait pris toutes les précautions pour que tout se passe bien, raconte l’ancien champion. Les risques étaient réels mais la fédération azerbaïdjanaise nous avait assuré qu’il n’y aurait pas de problème. On avait même mis en place une organisation de sécurité rapprochée. Au départ, Gagik était d’accord et puis finalement il a subi une pression de sa famille, qui est compréhensible pour moi. » Avant d’ajouter : « C’est dommage car Gagik était en grande forme… »

    Aura-t-il une autre chance ?

    Ce renoncement profite à Mamadassa Sylla, originaire de Bagnolet et licencié au club de… Bagnolet. « Je suis peiné pour lui. Je n’ai pas sauté au plafond en apprenant la nouvelle, on s’est fait un check, confie le lutteur de 30 ans. Ce sont les aléas. Je crois beaucoup au destin. Si cette chance s’offre à moi ce n’est pas pour rien. Si je vais à Bakou, c’est que je l’ai mérité aussi. »

    Mamadou Sylla et douze de ses équipiers en équipe de France engagés dans ce TQO européen de Bakou doivent finir dans les deux premiers pour se qualifier aux Jeux. En cas d’échec, il y aura une dernière chance de glaner le précieux sésame olympique. Mais il faudra alors finir dans les trois premiers du TQO monde à Istanbul en mai. Et si le rêve olympique de Gagik Snjoyan ne s’était pas complètement envolé ?