Kauli Vaast, le prodige de Tahiti sacré sur « sa » vague : « Même loin de la côte, j’entendais le public chanter »

Le benjamin de l’équipe de France participait à ses premiers Jeux olympiques, à domicile. À 22 ans, Kauli Vaast s’est fait une place parmi les icônes mondiales du surf masculin. En ramenant la médaille d’or, il vient de frapper un grand coup.

Kauli Vaast a été sacré champion olympique de surf, apportant une nouvelle médaille d'or à la France lors de ces JO de Paris. REUTERS/Ben Thouard
Kauli Vaast a été sacré champion olympique de surf, apportant une nouvelle médaille d'or à la France lors de ces JO de Paris. REUTERS/Ben Thouard

    À 4 ans, Kauli Vaast est déjà debout sur une planche de surf, sous l’œil avisé de son père. À 8 ans, il dompte la vague de Teahupoo, qui attire autant qu’elle fait trembler à Tahiti. Cheveux blonds, yeux couleur de l’océan, ce jeune homme au visage d’ange devenu égérie de la maison Dior hommes n’est pas juste un joli minois. Il est un compétiteur redoutable et l’a montré durant tous ces JO de Paris, remportant une médaille d’or ahurissante.

    Il devient ainsi le premier français champion olympique, chez lui, sur « sa » vague et devant les siens, sa famille comme sa « petite sœur de cœur », la surfeuse Vahine Fierro, éliminée en quarts de finale. « C’est la cerise sur le gâteau, souffle-t-il. Pendant ma finale, même loin de la côte, j’entendais le public chanter. J’avais envie de leur dire : Doucement, il reste 15 minutes et c’est Jack Robinson en face. Mais c’était unique, pour toute la France, pour toute la Polynésie, c’est incroyable. »



    Vaast a-t-il été porté par le mana, cette force surnaturelle dans la culture polynésienne ? « Il était avec moi depuis le début, tous les jours je le sentais, je ne le voyais pas mais je le ressentais, et voilà, je l’ai fait : champion olympique ! » Cet esprit de gagneur, le monde du surf l’avait déjà mesuré lorsqu’il avait renversé la star de la discipline Kelly Slater lors des demi-finales de la Tahiti Pro 2022. Cette année-là, il s’incline en finale mais sa victoire mémorable contre le « GOAT » (le « Greatest Of All Time » en anglais, le plus grand de tous les temps) lui donne un nouvel élan. Dans son viseur : les Jeux olympiques de 2024. La boucle est désormais bouclée.

    « Pour un athlète, c’est la compétition la plus importante »

    Kauli a touché son « rêve » du bout des doigts en se qualifiant à ses tout premiers Jeux, chez lui, et en les couronnant de succès. « J’ai regardé ça tout le temps quand j’étais petit. Pour un athlète, c’est la compétition la plus importante. Une fois que le surf a été mis aux Jeux, c’est devenu un objectif », livre-t-il. C’est seulement la seconde fois que le surf est représenté aux JO, et Kauli Vaast voulait marquer l’histoire, celle de son pays et de la France, « tout casser » lance-t-il en riant. Pari réussi !

    Sa joie de vivre est contagieuse. Mais derrière son air goguenard, Kauli Vaast sait exactement quand redevenir sérieux. Comme lorsqu’il a éliminé son coéquipier Joan Duru en quarts de finale jeudi… Difficile d’évincer un ami. Mais l’enjeu est de taille. Des sentiments de peine et de joie s’entremêlent. « Je n’ai pas les mots, c’est beaucoup d’émotions de passer contre Joan », confiait alors le surfeur de 22 ans. Les deux amis vivent ensemble dans la maison de l’équipe de France pour les JO. Ils ont dû se livrer bataille dans des vagues désordonnées à Teahupoo.

    Le surf, une affaire de famille

    Né à Tahiti, d’un père Français et d’une mère Calédonienne, Kauli Vaast a grandi sur la presqu’île de Tahiti. La Polynésie et l’océan le portent depuis son plus jeune âge. La passe de Hava’e est son terrain de jeu favori, tout comme sa petite sœur Aelan, championne en herbe, et son petit frère, Naiki, lui aussi passionné de surf. Chez les Vaast, c’est une histoire de famille. Teahupoo est situé à quelques baies de leur maison. Quand il n’est pas à la pêche ou dans son uniforme de réserviste de la police nationale, Kauli est au surf très tôt le matin. Sa connaissance du spot est un avantage considérable.

    « J’ai connu Kauli en compétition, c’était le plus jeune compétiteur, il était toujours surclassé. Il est complet, maîtrise les manœuvres et les tubes, il n’y en n’a pas beaucoup comme ça », souffle Ariihoe Tefaafana, ancien surfeur professionnel, qui a troqué sa planche contre une carrière de journaliste. Il le sait : entrer dans le circuit mondial n’est pas une mince affaire. Les JO ne comptent pas dans le Championship Tour (CT) mais peuvent propulser la carrière du jeune prodige de Vairao.

    Durant toute cette vague olympique, Kauli a pu trouver du réconfort auprès de sa famille, qu’il voit rarement d’habitude à cause de ses compétitions fréquentes aux quatre coins du monde : « C’est une chance incroyable de pouvoir participer aux Jeux, qui plus est à la maison ! » Et encore plus lorsque l’histoire se termine aussi bien.