« J’ai fondu en larmes, je ne pouvais pas y échapper » : Simon Gauzy, médaille de bronze de l’émotion au tennis de table

L’équipe de France de tennis de table de Simon Gauzy et des frères Lebrun remporte la médaille de bronze ce vendredi en battant le Japon (3-2). Un aboutissement pour le plus émotif des pongistes tricolores.

Simon Gauzy a vécu une intense émotion après la victoire des Français en petite finale face au Japon. LP/Olivier Arandel
Simon Gauzy a vécu une intense émotion après la victoire des Français en petite finale face au Japon. LP/Olivier Arandel

    Le visage dans les mains, Simon Gauzy s’effondre. Trop d’émotion ! Contre le Japon, Félix Lebrun vient de donner le troisième point à l’équipe de France de tennis de table synonyme de médaille de bronze aux Jeux de Paris 2024. À quoi a-t-il pensé, lui le plus ancien de l’équipe (29 ans) ? À ces moments de galère quand, numéro un français depuis des années, il a vu débarquer les phénomènes Lebrun ?

    À cette médaille de bronze, qui permet au tennis de table français de doubler son nombre de médaille olympique, avec quatre récompenses ? Dans cette salle de 8 500 spectateurs, devenue irrespirable après plus de trois heures de match au suspense insoutenable, soudain Simon Gauzy court. À gauche, au rythme de Freed from Desire, pour rejoindre ses proches, en larmes, dans les tribunes. À droite pour étreindre ses partenaires et haranguer la foule.

    On vous a vu très ému lors de cette victoire. Qu’est-ce qui s’est passé ?

    SIMON GAUZY. À partir du moment où j’ai réalisé qu’on avait la médaille, j’ai pris quelques secondes. Après, j’ai un peu explosé. Puis j’ai vu mes parents, mes frères, ma femme et mon fils dans les tribunes qui étaient très, très émus également. Donc j’ai fondu en larmes. Je suis quelqu’un de très émotif. Je pense que je ne pouvais pas y échapper.

    Vous avez pensé à quoi tout de suite après ?

    Je pense à tout le chemin parcouru. Et au dicton de Thierry Roland (il rigole), après ça on peut mourir tranquille. Tout ça pour ça. Je n’ai pas encore totalement les mots. Mais ça valait le coup. Excepté quand je suis devenu Papa, c’est le plus beau jour de ma vie.

    Qu’est ce qui a fait basculer le match ? Les cinq points rattrapés par Félix lors du deuxième match ?

    Non, il y a plein de choses qui ont fait la bascule. On a fait notre meilleur double, sans doute au moment le plus important. J’étais extrêmement tendu ce matin et pourtant je fais un premier set incroyable. Et puis effectivement, on savait que ça allait être compliqué pour Félix. Voilà, il arrive à tirer ce deuxième point. Pour Alexis et moi, c’est dommage. Sur nos matchs en individuel, nous ne sommes pas loin. J’ai fait un super match avec deux ou trois points où je manque un petit peu de rythme en simple.



    Est-ce que vous vous souvenez de l’arrivée des frères Lebrun et de vous être dit que vous pourriez avoir une équipe super forte ?

    Je me souviens surtout du moment où je ne le vivais pas bien. Et puis, à partir du moment où je me dis bon, tu es quelqu’un de pas bête, tu vas te rendre compte qu’avec cette équipe, on peut faire quelque chose de grand. Derrière, on est vice-champion du monde et médaillé aux Jeux olympiques cette année. Quand je me souviens où j’étais il y a un an et demi, si j’avais su à l’époque, j’aurais signé tout de suite.

    Cette médaille en équipe, elle enlève un peu de frustration de ne pas avoir été qualifié pour l’individuel ?

    Oui. J’ai tout donné pour être qualifié. J’ai fait une super année. Après, je savais que même si je me qualifiais, la médaille aurait été compliquée.

    Est-ce que vous mesurez le poids de l’histoire de ces deux médailles olympiques ?

    Je ne sais pas. Quand je me dis qu’on a doublé le compte de médailles olympiques du tennis de table en une édition des Jeux… C’est extraordinaire. Au-delà de la notoriété que le ping prend en France, au-delà de ce que les gars amènent au ping, je sais aussi que je fais une immense carrière jusqu’à présent. On ne peut pas tous être champion du monde. Je suis quand même fier de ce que j’ai fait et encore plus fier aujourd’hui.



    C’est l’accomplissement de votre carrière ?

    Clairement ! Mais j’ai encore faim. C’est le plus beau jour de ma vie parce que c’est le match de ma carrière. J’ai vécu ce moment avec la même émotion que celle vécue lors de la naissance de mes enfants.

    Vous repartez pour quatre ans ?

    Je repars pour huit. Après, on verra si j’arrive à me qualifier. »