Jo Paris 2024, volley : et maintenant, quel avenir pour la génération Ngapeth ?

L’équipe de France a réussi à conserver son titre olympique après sa victoire express face à la Pologne (3-0). Ce succès pourrait être l’occasion, pour certains cadres, de tirer leur révérence avec les Bleus.

Quelques joueurs ayant dépassé la trentaine, comme Kévin Tillie, Earvin Ngapeth et Antoine Brizard (les trois de gauche à droite) pourraient réfléchir à leur avenir international. LP/Fred Dugit
Quelques joueurs ayant dépassé la trentaine, comme Kévin Tillie, Earvin Ngapeth et Antoine Brizard (les trois de gauche à droite) pourraient réfléchir à leur avenir international. LP/Fred Dugit

    Dans quatre ans, sur la côte ouest des États-Unis, la France, auréolée de son double sacre olympique, tentera ce qu’aucune nation n’a jamais réussi : faire la passe de trois. Mais avant de se projeter vers Los Angeles 2028, horizon lointain, la question de l’avenir en bleu se pose déjà pour plusieurs joueurs de l’équipe de France de volleyball. Car si les médaillés du jour, après avoir vécu en vase clos dans le village olympique, vont pouvoir profiter de leur famille et d’un break bien mérité, tous ne seront pas de la prochaine conquête, continentale ou mondiale.

    « On sait qu’il y a une partie de l’histoire de cette équipe qui se termine », anticipe Yacine Louati. « Avant le match, Antoine Brizard m’avait dit qu’il ressentait une bouffée de nostalgie et on l’a tous ressentie en fait. Les fins d’été, c’est toujours rude. On va tous rentrer chez nous dans deux jours, on ne se verra plus après avoir vécu trois mois, voire quinze ans pour certains, tous ensemble. C’est peut-être la fin, on va y penser très fort », poursuit le natif de Tourcoing (Nord), en mode fin de colonie de vacances.



    Ce succès aux Jeux olympiques pourrait être le bon moment pour certains de tirer leur révérence, au sommet. « D’abord on va profiter, après viendra le moment de se demander qui repart, qui ne repart pas, qui a envie… Il y a des gars qui arrivent en âge de s’arrêter, de s’éloigner un peu de l’équipe de France et c’est peut-être le meilleur moment avec une médaille d’or à Paris », analyse Jean Patry, qui, à seulement 27 ans, n’est pas concerné par le sujet. Pour le meilleur marqueur de la finale, la retraite attendra encore un peu, au grand dam des réceptionneurs du monde entier.

    « On verra ce qu’il se passe dans l’équipe. Paris, c’était un gros projet pour tout le monde. Il faut voir qui continue, qui arrête, embraye le bondissant Trévor Clévenot. Il y a beaucoup de choses qui vont être remises en question, avant de repartir sur un projet de quatre ans pour Los Angeles. »

    « Tu es dans le gratin mondial et tu gagnes… On a du mal à quitter ça »

    Les semaines à suivre vont être propices à la réflexion. Nicolas Le Goff semblait hésiter ce samedi. « Je vais prendre une pause d’au moins sept, huit mois avec l’équipe de France, ironisait-il d’abord, rappelant que la sélection ne se réunit que très peu durant l’année. Ensuite, aucune décision n’est prise, on discutera, on verra avec le staff », annonce le central de 32 ans. Le libéro Jenia Grebennikov envisage, lui, l’avenir en mode pause. « Je vais faire un break d’un an, mais je reste », promet le stabilisateur de la réception tricolore, qui fêtera ses 34 ans le 13 août.

    Quid d’Earvin Ngapeth, le leader de cette équipe double médaillée d’or ? « Tu es obligé de continuer pendant quatre ans », lui a lancé Laurent Tillie, l’ex sélectionneur, en le croisant en zone mixte quelques minutes après la victoire.

    « Au début, il me disait qu’il avait un besoin important de vivre avec sa femme et ses enfants et le seul moment c’est l’été. Mais une fois qu’il a retrouvé l’équipe de France, il m’a dit qu’il avait envie de continuer le plus longtemps possible, nous confiait il y a quelques jours son père Éric. Il doit être partagé comme tous les joueurs qui dépassent la trentaine. Il y a le besoin de profiter des siens mais aussi toujours cette envie de jouer à ce niveau, c’est grisant. Tu es dans le gratin mondial et tu gagnes. On a du mal à quitter ça », poursuivait l’ancien international. Ce samedi, la figure de proue des Bleus n’a pas suffisamment poussé la discussion pour aborder le sujet.

    Le calendrier international pourrait aussi s’intégrer dans la réflexion de certains. Le prochain Championnat du monde de volley aura lieu l’an prochain, aux Philippines. La France a déjà beaucoup gagné : le Championnat d’Europe, la Ligue mondiale, les Jeux olympiques. Mais le titre mondial manque encore à son palmarès. Voilà qui pourrait aiguiser l’appétit de ces insatiables chercheurs d’or et repousser la retraite encore d’un an.