Opéra de Paris : l'ex-étoile Aurélie Dupont succède à Benjamin Millepied

 

Opéra de Paris : l'ex-étoile Aurélie Dupont succède à Benjamin Millepied

    A tout juste 43 ans, l'étoile retraitée depuis le 18 mai dernier est propulsée à la tête de la danse de l'Opéra national de Paris. Suite à la démission fracassante du directeur artistique Benjamin Millepied ce jeudi, Aurélie Dupont va faire face à un énorme défi dès le 1er août. Redonner confiance à une institution ébranlée et rétive au changement.

    Aurélie Dupont, Benjamin Millepied et le réalisateur de «Black Swan», Darren Aronofsky, à New York en 2009

    VIDEO. L'ex-étoile Aurélie Dupont succède à Benjamin Millepied

    De ballerine à directrice artistique

    Dès l'âge de 7 ans, la future danseuse internationale a su qu'elle consacrerait sa vie à sa passion. Après 32 années de danse au sommet, elle quitte la scène dans la douleur. «Je ne suis pas ravie de dire adieu à la scène de Garnier que je connais tant», confiait-elle avant son ultime représentation. Lors de ce départ très médiatique, la danseuse d'exception, pur produit de l'Opéra, était loin d'imaginer qu'elle allait repasser par la grande porte.

    Une star en chasse une autre

    Le choix de Benjamin Millepied, époux de l'actrice américaine Natalie Portman et chorégraphe du film «Black Swan», avait fait accourir les mécènes. Mais le passage du directeur artistique, très novateur dans ses ballets, a été assez peu goûté en interne. Dans le documentaire «La relève», de Canal Plus, co-produit par l'Opéra national de Paris, consacré à son arrivée, il critique les lourdeurs de l'institution.

    La caméra a filmé le beau gosse comme un people, se pâmant devant son allure connectée, casque fashion vissé sur les oreilles, iphone comme un prolongement de la main. «C'est tout à fait révélateur de son parcours à l'Opéra», confie une source en interne, qui précise : «Pour être directeur de cette institution, il ne suffit pas d'être chorégraphe.» Au palais Garnier, la déception se propage dans les couloirs. Le départ de Benjamin Millepied suscite aujourd'hui des interrogations autour de la machine à café.

    Pour le remplacer, l'institution choisit une autre célébrité. Tout aussi glamour, mais «à fleur de peau». Le jour de ses adieux sur scène, filmés par Cédric Klapisch pour France 3, Aurélie Dupont a été ovationnée pendant 25 minutes. Le réalisateur qui l'a suivie pendant 4 ans pour le documentaire «Aurélie Dupont, l'espace d'un instant», l'explique par une comparaison footballistique. «Le jour où Zidane a fait son dernier match, il y a eu une espèce d'émotion qui est montée, car ce sont des gens qui font rêver les autres».

    VIDEO. Extrait - Aurélie Dupont, l'espace d'un instant

    AURELIE DUPONT from Les Films d'Ici on Vimeo.

    Sa nomination au grade d'étoile à 25 ans, en 1998, à l'issue d'une représentation de Don Quichotte, de Rudolf Noureev, couronne un parcours de haute volée, non sans obstacles. En 1989, lorsqu'elle quitte l'Ecole de danse de l'Opéra de Paris pour intégrer le corps de ballet, elle se sent «libérée», heureuse de ne plus subir «la méchanceté de certains professeurs». Dans les années 1990, Angelin Preljocaj lui offre parmi ses plus belles heures. L'icône Pina Bausch la fait renaître en 1997 dans «Le Sacre du Printemps». «J'étais devenue un monstre technique, une danseuse froide. Elle m'a dit qu'elle m'avait choisie pour mes faiblesses, pas pour ma force. Après Pina, je ne dansais plus avec mes jambes mais avec mon âme». Binôme d'Hervé Moreau, elle trouve dans ce partenaire «un frère jumeau sur scène».

    Aurélie Dupont est connue pour sa détermination. Celle qui fut un temps la compagne de Gad Elmaleh a aujourd'hui deux enfants. Sur une idée de Benjamin Millepied, elle est devenue maître de Ballet à l'Opéra national de Paris. Avant de passer à un tout autre métier. Pour elle aussi, il faudra tenter de se muer en manager.