Dans la Marne, une vigneronne enceinte de 9 mois n’a trouvé personne pour la remplacer

Alors que sa grossesse arrive à son terme, Mathilde Savoye, une vigneronne de la Vallée de la Marne, a poussé un coup de gueule sur les réseaux sociaux. Le manque de main d’œuvre est récurrent dans sa profession.

La jeune vigneronne Mathilde Savoye, sur le point d'accoucher, s'est filmée dans ses vignes pour lancer un appel sur le manque de main-d'œuvre. DR
La jeune vigneronne Mathilde Savoye, sur le point d'accoucher, s'est filmée dans ses vignes pour lancer un appel sur le manque de main-d'œuvre. DR

    Un bonnet de laine vissé sur la tête, quelques mèches qui dépassent de sa chevelure blonde, Mathilde est debout face à une rangée de vignes. Un épais brouillard s’étend derrière elle en cette fraîche matinée en champagne. La jeune vigneronne de 27 ans, installée à La Neuville-aux-Larris près d’Épernay (Marne), se filme grâce à son téléphone portable pour lancer un appel.

    En quelques heures, il a fait le buzz sur les réseaux avec des milliers de vues. C’est le manque de main-d’œuvre dans sa profession qui l’a poussée à témoigner. « Je me rends compte que la situation m’a échappé. Je ne suis pas la seule à faire face à ces problèmes de recrutement, explique-t-elle. Mais dans mon cas, je comptais sur le service de remplacement financé par le régime agricole. Une personne est arrivée fin décembre pour me suppléer mais elle est restée quinze jours. Et depuis, je n’ai plus de nouvelles. C’est démoralisant, la personne est officiellement en poste mais ne travaille pas dans mes vignes. »

    La Champenoise a relevé les manches et repris le sécateur pour se remettre à la taille, en faisant fi de son neuvième mois de grossesse. « Sur mes 3,40 ha de vignes, il me reste encore plus d’un hectare à tailler. J’ai continué d’y aller car je suis en bonne santé. C’est une tâche longue et difficile, on l’effectue en général sur une durée de trois à quatre mois. »



    Mathilde a repris l’exploitation paternelle en 2017 et s’est lancé le défi de créer sa propre marque. Au printemps prochain, elle va commercialiser sa première cuvée. « J’ai recommencé d’une page blanche. J’ai changé les méthodes, arrêté les désherbants chimiques. Et j’ai décidé de reprendre la vinification et d’investir dans tout le matériel : tuyau, pompes, etc. ». Mais dans les heures qui viennent, c’est un autre défi qui l’attend puisqu’elle va donner naissance à son premier bébé et va devoir raccrocher le sécateur pour plusieurs semaines… en espérant des renforts.