Beauvais : la mairie rachète le téléski, bonne ou mauvaise affaire ?

La ville veut développer d’autres activités pour rendre le téléski rentable, alors que la structure privée a fermé ses portes après une procédure de liquidation judiciaire.

 Après trois saisons d’ouverture, Wake Garden, le téléski nautique du plan d’eau du Canada, à Beauvais, avait cessé son activité. La ville vient d’acquérir l’équipement pour 183 000 euros.
Après trois saisons d’ouverture, Wake Garden, le téléski nautique du plan d’eau du Canada, à Beauvais, avait cessé son activité. La ville vient d’acquérir l’équipement pour 183 000 euros. LP/VALENTIN DEPRET

    Le téléski du plan d'eau du Canada ne sera pas démantelé. La ville de Beauvais vient de l'acquérir lors d'une vente aux enchères pour plus de 183 000 euros. Bonne nouvelle pour les amateurs de sensations fortes, argent public gâché pour d'autres, la nouvelle divise.

    « A ce prix-là, c'est une excellente affaire, assure Philippe Vibert, adjoint aux sports. Avec une délégation de service public et une location, il n'y aura aucun problème. Nous voulions absolument conserver cet équipement sur Beauvais. Le faire revenir en cas de démantèlement aurait nécessité un investissement infiniment plus important, comparable aux 600 000 euros mis par Florian Laurent, le patron des lieux, lorsqu'il a créé sa société Wake Garden, en 2017. »

    Un retard au démarrage jamais rattrapé

    Malgré cet investissement et une passion de tous les instants, Florian Laurent a été contraint de mettre fin à son activité après trois saisons, sa société faisant l'objet d'une procédure de liquidation judiciaire engagée par le tribunal de commerce de Créteil, en février 2020. « Il reste traumatisé par cette affaire, nous confie un de ses proches. Il avait commencé la première saison en retard et les deux suivantes n'ont pas permis de le rattraper, ni même de rééquilibrer la balance. »

    Compte tenu de ce précédent, est-ce vraiemnt une bonne affaire pour la ville ? Beaucoup en doutent. « Je trouve l'investissement énorme, déplore par exemple Bruno, un habitant attentif aux dépenses de sa commune. Beauvais n'est pas dans une zone maritime et dans le marché des loisirs, le ski nautique est une niche très spécifique. A la rigueur, on y va une fois pour essayer. La somme investie aurait pu l'être ailleurs, notamment dans un vrai parking au sud du plan d'eau. »

    Les aficionados, eux, sont soulagés. « On avait peur que ça soit démonté pour aller ailleurs, déclare Cédric. Nous étions une trentaine à avoir pris le forfait à 600 euros pour pratiquer en illimité. Depuis la fermeture, nous étions obligés d'aller à Cergy (Val-d'Oise) ou à Amiens (Somme). »

    « On se doit d'enrichir l'activité »

    Ces passionnés émettent tout de même quelques réserves : « Il faudra faire différemment, souligne Cédric. En fonctionnement optimal, le téléski peut accueillir 30 personnes par heure. Il doit s'approcher de ce chiffre pour être rentable. Même aux meilleurs moments, on était loin du compte. Le snack rapportait plus. »

    La ville a conscience de cet état de fait. « On se doit d'enrichir l'activité, confirme Philippe Vibert. On pense notamment à la location de grosses structures gonflables ou à l'aménagement d'un parcours de minigolf. Ce sont des loisirs très accessibles qui compléteraient parfaitement le ski nautique. »

    La remise en service de l'équipement ne devrait pas intervenir avant l'été 2022. « Compte tenu du contexte sanitaire actuel et des délais de procédure relatifs à la mise en place du futur contrat, il est difficile d'envisager une ouverture avant cette date, prévient Philippe Vibert. Ouvrir pour une demi-saison n'aurait aucun sens. »

    Malgré tout, Cédric et ses amis espèrent bien que l'activité pourra reprendre avant, et même dès l'été prochain. « Quand ça rouvrira, on sera là, promet-il. On va attendre que la mairie relance les choses et on lui fera des propositions. On envisage par exemple de créer une association en parallèle. »