Condamné pour violences, l’ex militaire se voit interdire les armes... et se fait interpeller à la chasse

Philippe D., 44 ans, a été condamné ce mardi par le tribunal de Compiègne, surpris en pleine chasse, un fusil à la main, alors que son permis et son autorisation de port d’arme lui avaient été suspendus par la justice. Les policiers ont aussi découvert six armes et plus de 400 cartouches.

Le prévenu s'était vu retirer son permis de chasse pendant deux ans par la préfecture de l'Oise, mais il a été contrôlé quelques mois après... en rentrant d'une partie de chasse. Illustration. (LP/Aurélie Ladet)
Le prévenu s'était vu retirer son permis de chasse pendant deux ans par la préfecture de l'Oise, mais il a été contrôlé quelques mois après... en rentrant d'une partie de chasse. Illustration. (LP/Aurélie Ladet)

    « Pourquoi on ne veut pas que vous ayez une arme, à votre avis ? » Question rhétorique à laquelle la juge du tribunal de Compiègne, Agathe Horiot, répond elle-même, au cours de l’audience de ce mardi. « C’est parce que vous êtes dangereux et que ça représente un risque pour la sécurité des personnes. » Quelques minutes plus tard, Philippe D., un chasseur de 44 ans, est condamné à 100 jours-amendes à 5 euros pour avoir chassé et utilisé un fusil alors que la préfecture le lui avait interdit.

    Le 1er octobre dernier, cet habitant de Frétoy-le-Château était invité, avec son père, à une partie de chasse au petit gibier à Catigny. Alors que des trombes d’eau se mettent à tomber, les chasseurs cassent leur fusil et décident de rentrer. C’est à ce moment-là que Philippe D. et son père tombent nez à nez avec des agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) venus faire des contrôles dans le cadre de la sécurité à la chasse.

    « Je n’ai jamais tué personne ! »

    Lorsqu’il s’agit de présenter son permis, le prévenu, qui a en main un fusil à deux coups, signale qu’il ne l’a pas sur lui. Et pour cause, vérification faite, ce dernier lui a été enlevé quelques mois plus tôt, le 10 août, pour une durée de deux ans. Pire : le 28 février, Philippe D. avait fait l’objet d’un arrêté préfectoral lui interdisant de porter et de détenir une arme. Cela faisait suite à six condamnations prononcées par plusieurs tribunaux pour des faits de vols et de violences conjugales.

    Deux perquisitions sont alors menées à son domicile et sur son lieu de travail. Dans un 4 x 4, de nombreux effets de chasse sont retrouvés ainsi que 258 munitions de trois calibres différents et un chargeur amovible pour une carabine et un pistolet à air comprimé. D’autres fusils et munitions seront également retrouvés à son domicile. Au total, le chasseur détient un petit arsenal de six fusils et 420 munitions.

    « Je les avais achetés avant que les procédures soient mises en route mais j’attendais les papiers de la préfecture avant de les donner à mon père », explique-t-il à l’audience. Blessé dans son amour-propre, cet ancien militaire de carrière poursuit : « Ça fait 20 ans que j’ai des armes et je n’ai jamais tué personne ! »

    Quant à ce flagrant délit du mois d’octobre, son avocate Me Charlotte de Boislaville, l’explique facilement : « Il a toujours accompagné son père à la chasse, depuis tout jeune avec son chien, pour la traque. Cela ne veut pas dire qu’il chassait. C’est ce qu’il a fait ce jour-là. Il a juste porté l’arme de son père. pour les fusils, en sa possession, il a été négligent, il ne pensait pas qu’on allait l’embêter. Ça lui servira de leçon. Il a été militaire, il a servi son pays et se sent maintenant déconsidéré. »