La lente dérive de Bruno D. condamné pour avoir menacé de mort son ex : « J’ai commencé à boire à 10 ans »

C’est la deuxième fois pour le seul mois d’août que le tribunal de Senlis voit comparaître Bruno D., 28 ans. Le jeune homme était jugé ce lundi pour avoir menacé de mort son ex conjointe.

Bruno D. est maintenu en détention et à sa sortie de prison, il a interdiction d’entrer en contact et d’aller au domicile de sa victime pour une durée de trois ans (photo d'illustration)/ LP/Paul Abran
Bruno D. est maintenu en détention et à sa sortie de prison, il a interdiction d’entrer en contact et d’aller au domicile de sa victime pour une durée de trois ans (photo d'illustration)/ LP/Paul Abran

    « J’ai commencé à boire à l’âge de 10 ans, j’ai arrêté l’école à 11 ans. » Difficile de croire que l’on se trouve au XXIe siècle lorsque l’on écoute Bruno D., 28 ans, de Villeneuve-les-Sablons (Oise), évoquer son parcours chaotique depuis le box des prévenus du tribunal de Senlis ce lundi.

    Son enfance évoque plutôt les romans d’Émile Zola et sa vie d’adulte se cantonne aux tribunaux et aux maisons d’arrêt. Le 3 août dernier, Bruno comparaissait pour des violences sur des voisins, après qu’il a dégradé la porte d’un immeuble d’habitation en état d’ébriété.

    Les juges lui avaient accordé leur confiance en prononçant une peine ferme mais à purger par le port d’un bracelet électronique. Une mesure qui n’aura même pas eu le temps d’être mise en route puisque ce lundi, Bruno se retrouve à nouveau devant le tribunal de Senlis.

    Jusqu’à une « quinzaine de bières 8.6 par jour »

    Jeudi dernier, il s’est présenté devant le domicile de sa désormais ex-compagne à Nogent-sur-Oise, en état d’ébriété avancé et en se montrant menaçant. « Je vais te tuer, je vais te défoncer », lance Bruno tout en donnant des coups de pied dans le sac de courses de la victime apeurée.

    L’intervention de deux jeunes calme le jeu et sa compagne appelle la police, qui interpelle Bruno D. un peu plus tard, toujours aux abords du domicile de la victime. À bout de nerfs, la jeune femme fournit aussi aux enquêteurs de nombreux messages audios laissés par Bruno D. depuis plusieurs semaines, où il réitère les menaces de mort. « Je vais t’enterrer dans un champ de betteraves », est un exemple de ces menaces perpétuelles, toujours proférées quand il a bu. C’est-à-dire presque constamment puisque Bruno reconnaît boire jusqu’à une « quinzaine de bières 8.6 par jour ».



    Pour une fois sobre, dans le box des prévenus, Bruno D. ne peut que constater les dégâts de son alcoolisme. « Tout est vrai, j’ai vrillé parce qu’elle a voulu qu’on se sépare, j’ai bu beaucoup d’alcool mais jamais je ne lui aurais fait de mal. Les mots ont dépassé ma pensée. »

    La victime a en effet précisé que Bruno n’avait jamais levé la main sur elle. Mais elle ne peut plus supporter son état d’ivresse perpétuel. « La justice a déjà tout tenté pour l’aider mais la seule solution pour son sevrage, c’est la détention », estime le procureur de la République Loïc Abrial, après l’évocation d’un casier judiciaire comportant 18 condamnations.

    C’est aussi l’avis du juge d’application des peines, sollicitant la révocation de deux sursis probatoires, de 2 et 3 mois. Soit 5 mois de prison ferme qui s’ajoutent à la peine de 15 mois de prison dont 5 mois avec un sursis probatoire renforcé, prononcée ce lundi par les juges de Senlis. Bruno D. est maintenu en détention et à sa sortie de prison, il a interdiction d’entrer en contact et d’aller au domicile de sa victime pour une durée de trois ans.