La question des charges de l’Opac de l’Oise se réglera au tribunal

Le conflit qui oppose depuis des mois le bailleur social à une partie de ses locataires devrait trouver son épilogue en justice. Le tribunal d’instance de Beauvais est sur le point d’être saisi.

 A l’automne 2017, l’Opac de l’Oise, présidée par Arnaud Dumontier (LR, en bas à droite), a réclamé à ses locataires 3,7 M€ de charges qui leur avaient été reversées à tort. Un collectif (en bas à gauche) s’est constitué, aidé par un avocat, Me Hugo Nauche (en haut à gauche).
A l’automne 2017, l’Opac de l’Oise, présidée par Arnaud Dumontier (LR, en bas à droite), a réclamé à ses locataires 3,7 M€ de charges qui leur avaient été reversées à tort. Un collectif (en bas à gauche) s’est constitué, aidé par un avocat, Me Hugo Nauche (en haut à gauche). LP/J.B., H.S. et DR.

    C'est le dénouement annoncé d'un conflit qui dure depuis de trop long mois. A l'automne dernier, l'Opac de l'Oise, principal bailleur social du département, a réclamé 3,7 M€ de charges versées par erreur à 25 000 locataires en 2015 et 2016. Des sommes allant de quelques dizaines à plusieurs centaines d'euros par personne. Le collectif de locataires, constitué pour protester contre des remboursements jugés indus, a annoncé ce mardi son intention de saisir la justice.

    « Je viens de recevoir un premier dossier, indiquait ce mardi midi Me Hugo Nauche, l'avocat qui conseille le collectif depuis plusieurs semaines. Pour plus de clarté, les locataires sont invités à agir individuellement. » Ce dernier espère réunir rapidement une dizaine de demandes. « Quoi qu'il arrive, je porterai l'affaire devant le tribunal d'instance de Beauvais dans la première quinzaine de mars. »

    Une victoire pourrait faire jurisprudence

    Objectif : régler la question une fois pour toutes. « Le collectif a obtenu une réponse du ministre, une autre du préfet, mais seul le tribunal est habilité à se prononcer, poursuit l'avocat. La justice ira dans un sens ou dans l'autre, mais nous avons des arguments. » Une victoire pourrait faire jurisprudence. « Si les premières décisions vont toutes dans notre sens, on peut penser que l'Opac arrêtera de réclamer les charges », estime Me Nauche.

    « C'est un état de droit, ils font ce qu'ils veulent, répond sobrement le président (LR) du bailleur social, Arnaud Dumontier. Si elle est saisie, l'Opac répondra à la justice. » Sur les justificatifs qu'il n'aurait pas fournis, le responsable souligne que « nous avons mis nos livres de comptes, immeuble par immeuble, à la disposition du collectif, qui ne s'est pas déplacé jusqu'à présent. »

    L'Opac aurait déjà recouvré entre 1,5 et 1,7 M€

    Selon Arnaud Dumontier, 15 000 locataires auraient déjà régularisé leur situation, ou auraient déclenché un plan d'apurement. Entre 1,5 M€ et 1,7 M€, sur les 3,7 M€ réclamés, auraient déjà été récupérés par le bailleur. Lors d'une réunion publique, à Beauvais, en décembre, le directeur de l'Office HLM, Vincent Peronnaud, avait indiqué que l'Opac prévoyait 1,2 M€ de pertes.

    Resterait donc, a minima, 800 000 € sur lesquels le bailleur ne compte pas tirer un trait. Quitte à faire pression sur les locataires ? Sur Internet, de nombreux témoignages font état de courriers, appels téléphoniques, voire de visites à domicile. « Aucune pression physique ou verbale n'a été exercée, assure toutefois Arnaud Dumontier. L'origine de tout cela est une erreur de notre part, nous ne l'oublions pas. »