À gauche, la porte avant les travaux. À droite, une projection une fois que tous les arbres auront été plantés. Agence Empreinte, bureau de paysages / Philippe Guignard - Ville de Paris
À gauche, la porte avant les travaux. À droite, une projection une fois que tous les arbres auront été plantés. Agence Empreinte, bureau de paysages / Philippe Guignard - Ville de Paris
Paris

Avant-Après : l'impressionnante métamorphose de la porte Maillot

Après plus de sept ans de travaux, le chantier est sur le point de s’achever porte Maillot. Une entrée de Paris située en lisière du bois de Boulogne, qui a été métamorphosée en surface mais aussi sous terre. Visite guidée.

Pauline Darvey et Stanislas de Livonnière
Le 26 avril 2024 à 09h11

Transformer les portes en places. La Ville de Paris a fait de ce mantra l’un des axes de sa politique en matière d’urbanisme. À moins de 100 jours des Jeux olympiques, le calendrier s’accélère porte Maillot, en lisière du bois de Boulogne. Le chantier vit ses dernières semaines. C’est une transformation spectaculaire, qui est du même niveau que celle qu’on est aussi en train d’achever porte de la Chapelle, s’enthousiasme Emmanuel Grégoire, le premier adjoint (PS) de la maire de Paris. Des travaux titanesques qui ont commencé il y a plus de sept ans, d’abord par la partie transports. 

Le RER E s’est invité à 35 mètres sous terre dans le cadre du projet Eole, qui vise à prolonger cette ligne vers l’Ouest. Ce nouveau tronçon - qui relie Saint-Lazare à Nanterre - sera mis en service le 6 mai. Une offre qui vient s’ajouter à la ligne 1 et au RER C qui traversent déjà les entrailles de la porte Maillot. Depuis début avril, les voyageurs peuvent aussi emprunter le tramway T3b qui est arrivé en surface. De quoi transformer la porte Maillot en véritable hub

Mais la métamorphose de ce carrefour passe aussi par la diminution drastique de la place accordée à la voiture. L’espace dédié à la voirie y a été réduit de 41%.

Un grand parc pensé comme une extension du bois de Boulogne a notamment été créé. Exit l’immense rond-point planté entre l’Arc de Triomphe et l’arche de la Défense. Les dernières plantations sont également en cours sur le parvis du Palais des Congrès, qui a été agrandi et transformé en jardin. Des aménagements pour lesquels la Ville de Paris a déboursé 29 millions d’euros.

Avant / Après : une transformation saisissante
Années 2010

Philippe Guignard / Ville de Paris

Avant / Après : une transformation saisissante
2025

Agence Empreinte, bureau de paysages

Avant / Après : une transformation saisissante
2025

Agence Empreinte, bureau de paysages

Avant / Après : une transformation saisissante
2025

Agence Empreinte, bureau de paysages

Dans les années 1970, la porte Maillot a été transformée en un vaste carrefour routier. Le Palais des Congrès et le boulevard périphérique sont sortis de terre à cette époque. Un immense giratoire a aussi été construit au milieu de cette place, avec six voies dédiées aux voitures. 

Un jardin - Alexandre-Soljenitsyne - a été créé à l’intérieur. Aménagé quelques années plus tôt, le square Parodi s’est retrouvé en bordure de ce rond-point. Des squares qui étaient « très malfamés », d’après Emmanuel Grégoire.

Dans son projet de transformation, la Ville de Paris a décidé de faire disparaître le rond-point. Il a été remplacé par un terre-plein central, encadré par deux fois quatre voies de circulation, dont une dédiée aux bus. Parmi les objectifs : retrouver « l’axe historique » de la capitale. Une ligne droite qui va du Louvre à la Défense, qui était jusqu’alors obstruée par le giratoire. 

Le square Parodi a aussi été agrandi de 13 000m². Ce nouveau parc a été pensé comme « une extension du bois de Boulogne ». Un peu moins de 1000 arbres y ont déjà été plantés. Après les JO, environ 500 autres y prendront racine.

Le parvis du Palais des Congrès a aussi été agrandi et transformé en un jardin sur dalle de 12 000m², où se situe également l’entrée du nouveau RER E.

Avant... la porte Maillot un carrefour routier

Au fil des années, la porte Maillot a tourné le dos au bois de Boulogne. Pour les piétons, il était devenu difficile de rejoindre ce poumon vert. Pourtant, historiquement, la porte Maillot était la porte d’entrée principale du bois de Boulogne qui était une forêt de chasse royale, contextualise Emmanuel Grégoire.

Avant les travaux
Années 2010

Jacques Leroy / Ville de Paris

Avant les travaux
Années 2010

JACK GUEZ / AFP

Dans les années 1970, la construction du boulevard périphérique et d’un immense giratoire ont encore davantage accentué la segmentation de cet espace. « C’est devenu une vraie usine à gaz pour les piétons », analyse Lucas Olivreau, co-gérant de l’agence de paysagiste Empreinte, qui a remporté l’appel d’offres lancé par la Ville de Paris fin 2018.

L’axe historique, également appelé voie royale, est la ligne droite qui relie le Louvre à la Défense, en passant par le jardin des Tuileries, par la place de la Concorde, par les Champs-Elysées ou encore par l’avenue de la Grande-Armée. Porte Maillot, la construction d’un immense giratoire de 40 000m², voies comprises, bouchait cette perspective.

Pendant... sept ans de travaux

On a hâte que ça se termine, glisse Thomas, un ingénieur qui travaille porte Maillot. Pendant plusieurs années, le quotidien s’est transformé en enfer sur cette place,  entre embouteillages à rallonge, nuisances sonores et commerçants à bout. Un chantier qui a débuté en 2017, avec le lancement des travaux pour l’arrivée du RER E mais aussi pour celle du tram T3b. 

À cela se sont ajoutés depuis 2021 les aménagements paysagers réalisés par la Ville de Paris, avec la création d’un parc le long du bois de Boulogne ou d’une esplanade devant le Palais des Congrès.

Pendant les travaux
2017 - 2024

Christophe Jaquet / Ville de Paris

Pendant les travaux
2017 - 2024

PariSeine

Pendant les travaux
2017 - 2024

Eurovia / PariSeine

Pendant les travaux
2017 - 2024

PariSeine

Pendant les travaux
2017 - 2024

Ville de Paris

Dès 2017, le jardin qui était au centre du giratoire s’est transformé en base de vie pour le chantier du RER E, à trente-cinq mètres sous terre.

Le chantier pour le prolongement du tram T3b a aussi duré plusieurs années. Entre la porte d’Asnières (XVIIe) et la porte Dauphine (XVIe), 3,2 kilomètres de lignes ont été créées. Un parcours jalonné par 7 stations, dont une porte Maillot.

Après la disparition du rond-point, la circulation a été provisoirement installée sur deux fois deux voies, de part et d’autre d’un terre-plein central. Les aménagements paysagers ont pu commencer progressivement à partir de 2021. 

« Le cœur du giratoire a été occupé par le chantier du RER pendant cinq ans, rembobine Ariane Bouleau, la directrice générale de PariSeine, l’établissement public local à qui la Ville a confié la maîtrise d'œuvre. L’emprise a été complètement libérée il y a seulement un an. Nous avons donc eu très peu de temps. » « Le chantier a été mené tambour battant pour être livré à temps pour les JO », appuie Emmanuel Grégoire.

Au total, plus de 1000 arbres ont été plantés sur toute la place. 

Après... une première livraison pour les JO, le reste en 2025

Le chantier touche à sa fin. Avant les JO, quelques finitions doivent encore être réalisées. Les dernières plantations sont en cours sur le parvis du Palais des Congrès. Les grilles provisoires qui barrent le parc devraient aussi être retirées. Les aménagements se poursuivront dans la foulée des Jeux. Au programme : des plantations d’arbres supplémentaires côté parc ou la création d’une piste cyclable bidirectionnelle entre la porte Maillot et Neuilly.

Après les travaux
Printemps 2024

Amélie Dibon / Le Parisien

Après les travaux
Eté 2025

Agence Empreinte, bureau de paysages

Après les travaux
Printemps 2024

Amélie Dibon / Le Parisien

Après les travaux
Printemps 2024

Agence Empreinte, bureau de paysages

Après les travaux
Eté 2024

Agence Empreinte, bureau de paysages

Des anneaux olympiques ont été dessinés sur la pelouse du parc. Tout un symbole sur cette place qui verra défiler des journalistes du monde entier au Palais des Congrès, où sera installé le centre de presse international pendant l’événement. 

Les délégations du Comité international olympique seront également logées dans les hôtels des alentours. « Ce sera aussi le point d’accès de toutes les autorités qui viendront à la cérémonie d’ouverture », ajoute Emmanuel Grégoire.

Après les Jeux, environ 500 arbres supplémentaires seront plantés dans le nouveau parc. Des bosquets et des clairières seront aménagés « sur le modèle du bois de Boulogne ». Des gradins seront aussi installés pour que les promeneurs puissent s’y asseoir.

Des plantations sont encore en cours sur la nouvelle esplanade de 12 000m² du Palais des Congrès. 

On y aperçoit la verrière qui sert de toit à la gare RER. Une manière d’amener de la lumière naturelle à plus de 30 mètres sous-terre.

Des vivaces et des graminées composeront en grande partie ce jardin sur dalle, qui sera traversé par des cheminements piétons. C’est aussi via ce parvis que se trouve l’entrée de la nouvelle station du RER E.

Il faudra encore attendre 2025 pour découvrir l’aboutissement final de ces huit ans de chantier. D’ici là, l’axe historique de la capitale devrait continuer à se métamorphoser. À l’une de ses extrémités, l’esplanade de La Défense va se parer de vert avec un nouveau parc de 5 hectares prévu en 2026. 

Sur les Champs-Elysées, une première phase de rénovation vient de se terminer. Mais l’avenue va poursuivre sa mue après les JO. Des annonces sont attendues dans les prochaines semaines. 

La place de la Concorde sera, elle, semi-piétonnisée de manière définitive après cet été. Une réflexion sur son réaménagement est en cours. Entre la porte Maillot et la place de l’Étoile, un avenir plus vert se prépare également sur l’avenue de la Grande-Armée. Un premier projet a été présenté en juin 2023 par un comité composé d’acteurs privés de cette artère.

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Rédaction
Pauline Darvey et Sébastian Compagnon
Réalisation
Stanislas de Livonnière