Paris : Anne Hidalgo « blanchie » par la commission de déontologie pour son voyage à Tahiti

    Les sages se sont penchés sur les notes de frais de la maire de la capitale, engagés lors de ce déplacement officiel qui fait tant polémique. Selon eux, Anne Hidalgo n’a contrevenu à aucune règle. L’opposition est bien plus perplexe.

    Anne Hidalgo s'était notamment entretenue avec Moetai Brotherson, président de la Polynésie française. DR/Mairie de Paris
    Anne Hidalgo s'était notamment entretenue avec Moetai Brotherson, président de la Polynésie française. DR/Mairie de Paris

    Son avis était attendu avec impatience. Il plaide finalement en la faveur d’Anne Hidalgo. Selon la commission de déontologie de la Ville de Paris (CDVP), la maire (PS) de la capitale n’a pas enfreint les règles imposées aux élus lors de son voyage du 16 octobre au 5 novembre en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie. Un déplacement au cœur de toutes les critiques, car mêlant vie publique et vie privée.

    « La partie publique du déplacement effectué par Anne Hidalgo, en sa qualité de maire de Paris, est en lien direct avec les intérêts de la Ville de Paris, tant au regard de ses objets que des rencontres avec diverses autorités, estime la commission, dans un extrait de ses conclusions dévoilé par la mairie de Paris ce vendredi après-midi. Elle est effectivement en concordance avec le programme annoncé à une exception près. »



    « La Ville de Paris n’a pas financé sur des fonds publics l’activité personnelle et privée de la Maire de Paris et elle n’a pas subi de préjudice », ajoutent les membres de la CDVP, indiquant se baser « sur le fondement du code de déontologie de la Ville de Paris qui prévoit que le voyage doit avoir un intérêt direct avec la Ville de Paris ou le mandat exercé au sein de la collectivité ».

    « Aucune qualité pour blanchir la Maire »

    Pas de quoi convaincre ses opposants. « Anne Hidalgo veut blanchir son voyage par une commission qu’elle a elle-même désignée », tance le groupe d’opposition Changer Paris dans un communiqué publié ce vendredi après-midi. « La Maire de Paris n’apporte toujours ni preuves, ni justifications tangibles du caractère officiel de son déplacement en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti, pas plus que du lien de ce voyage avec les intérêts de la Ville de Paris et des Parisiens », fait-il valoir.

    Le groupe demande les documents justifiant les « dépenses intégrales engagées pour ce déplacement », ainsi que le « lien de ce voyage avec la mission de maire de Paris » et des explications sur la présence des membres de la délégation, « dont le Directeur et le Chef de Cabinet de la Maire ». Il rappelle que la commission prononce un avis consultatif et n’a « aucune qualité pour blanchir de quelque manière que ce soit la Maire de Paris ».

    De nombreuses zones d’ombre

    Après son voyage officiel, Anne Hidalgo s’était en effet rendue auprès de sa fille, qui vit désormais dans la région, s’absentant de longues semaines de Paris. De quoi attirer l’attention de ses opposants, et donc les attaques. Dans leur ligne de mire, de nombreuses zones d’ombre. Le programme exact de l’édile, longtemps resté obscure, a d’abord alimenté les discussions. Car Anne Hidalgo, qui s’était rendue sur place pour visiter le site olympique, n’a finalement pas pris part à ce rendez-vous.

    Les frais engagés ont aussi créé la polémique. Acculée, la Ville de Paris a été contrainte de dévoiler que 60 000 euros avaient été dépensés par l’ensemble de la délégation - par ailleurs jugée trop conséquente -, précisant qu’Anne Hidalgo avait pris à sa charge son billet retour, sans qu’elle en soit pourtant obligée.



    Alors que le Conseil de Paris doit se réunir à partir de mardi prochain, nul doute qu’il y soit beaucoup question de la polémique, malgré cet avis de la commission de déontologie. « Cet avis ne dissipe en rien les zones d’ombre, réagit déjà Davi Alphand, vice-président du groupe Changer Paris. La prochaine étape sera le Conseil de Paris au cours duquel nous comptons bien demander des explications à Anne Hidalgo. Nous espérons qu’elle s’expliquera elle-même. » La maire de Paris a déjà prévu un contre-feu. Elle soumettra au vote un vœu sur la transparence des voyages de tous les élus de la capitale, visant particulièrement ceux de son adversaire, Rachida Dati.