Voyage d’Anne Hidalgo à Tahiti : l’Hôtel de Ville de Paris perquisitionné

    Des perquisitions ont lieu depuis ce mardi matin dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte en novembre 2023 pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics, relative au déplacement à Tahiti d’Anne Hidalgo et d’une délégation de la ville de Paris à l’automne 2023.

    Le voyage d'Anne Hidalgo à Tahiti avait fait polémique. DR
    Le voyage d'Anne Hidalgo à Tahiti avait fait polémique. DR

    Depuis ce mardi matin, des perquisitions ont lieu à l’Hôtel de Ville de Paris, dans le cadre du « Tahitigate » lié au voyage d’Anne Hidalgo à Tahiti. « Des perquisitions sont en cours depuis ce matin dans les locaux de l’Hôtel de Ville de Paris et ses annexes », dévoile une source judiciaire au Parisien, confirmant une information du Monde.

    Ces perquisitions sont menées par les enquêteurs de la brigade financière, en présence de magistrats du Parquet national financier (PNF), et interviennent dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte en novembre 2023 des chefs de prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics, relative au déplacement à Tahiti d’Anne Hidalgo et d’une délégation de la Ville de Paris à l’automne 2023.

    Cette ouverture d’enquête fait suite à une plainte d’une association anticorruption (AC !) adressée au parquet de Paris, qui s’est dessaisi au profit du PNF, ainsi que de plusieurs signalements d’élus, dont Rachida Dati (ex-LR) — maire du VIIe arrondissement et depuis ministre de la Culture -, le député Renaissance Sylvain Maillard, et Pierre Liscia (DVD) - élu de la région Ile-de-France.

    Anne Hidalgo se dit « sereine »

    A l’époque, la mairie de Paris avait indiqué, dans un communiqué, se tenir « à la disposition de la justice pour fournir tous les éléments nécessaires à la manifestation de la vérité. Ils permettront de démontrer une accusation sans le moindre fondement. »

    Ce mardi, la Ville écrit avoir « d’ores et déjà produit volontairement les justificatifs relatifs au déplacement d’une délégation en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie. Cette enquête s’est poursuivie ce jour par la remise volontaire par la Ville des documents complémentaires sollicités ». Elle tient aussi à rappeler que « la commission de déontologie de la Ville de Paris saisie par la maire avait établi que le déplacement était régulier sur le plan déontologique ». Quant à Anne Hidalgo, elle « est sereine et confiante quant à l’issue de ces investigations », termine le communiqué de presse.

    « Dans une démarche de bonne volonté, la Ville avait produit des éléments au PNF suite aux signalements qu’il avait reçus », confirme-t-on dans l’entourage de la maire de Paris. Mais la bonne volonté de la ville s’arrête là, elle refuse de dire combien de bureaux ont été perquisitionnés ce mardi.

    D’ailleurs, l’entourage de la maire a pris soin de verrouiller la communication. Et les porte-parole nommés en décembre ont été priés… de se taire. « Ils voulaient sans doute éviter la cacophonie autour de ce nouvel épisode contrairement à ce qui s’était passé lors du voyage où les couacs de communication s’étaient accumulés jour après jour », sourit un conseiller.

    D’après nos informations, des ordinateurs et des téléphones portables ont été mis à la disposition des policiers.

    Bilan carbone et financement, Anne Hidalgo cible des critiques

    Cette nouvelle étape du « Tahitigate » n’a pas manqué de faire réagir les opposants à la maire de Paris. « Nul n’est au-dessus des lois, pas même la maire de Paris. J’avais posé des questions précises face aux zones d’ombre qui perduraient autour de son voyage, souligne David Alphand (LR), du groupe Changer Paris. Anne Hidalgo tantôt n’avait pas répondu, tantôt avait tenté de faire diversion. Ce nouvel épisode nous paraît être la suite logique de l’attitude de la maire. La lumière doit être faite sur la bonne utilisation ou pas de l’argent des Parisiens. Anne Hidalgo pensait que cette polémique se dissiperait mais c’est tout le contraire qu’on constate sur le terrain. Les Parisiens sont excédés par son comportement et notamment par la désinvolture dont elle fait preuve sur ce dossier depuis le début. Les gens nous en parlent encore aujourd’hui. »

    Pierre Liscia se félicite aussi de la nouvelle : « C’est assez normal au vu des signalements que le parquet ait finalement ouvert une enquête préliminaire. Ça aura au moins le mérite d’apporter des réponses aux nombreuses questions auxquelles la Ville et la maire n’ont pas répondu. »

    A l’inverse, un maire de la majorité « trouve étonnant le déséquilibre entre ce qu’on reproche à Anne Hidalgo, qui aurait pu rentrer avec des billets d’avion payé par la Ville en toute légalité, et les ministres du gouvernement mis en examen. Je ne suis pas très inquiet pour elle. »

    Pendant trois semaines, à l’automne dernier, la maire de Paris s’est retrouvée dans l’œil du cyclone pour un voyage officiel d’une semaine en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti, à l’agenda bien peu fourni selon ses opposants. Surtout, ces derniers avaient attaqué la maire pour les deux semaines de vacances privées qu’elle avait prises par la suite sur une île polynésienne voisine, où vit sa fille, y voyant un mélange des genres douteux.



    Lors du retour d’Anne Hidalgo à Paris, l’Hôtel de Ville avait envoyé un long communiqué de presse dans lequel il détaillait l’agenda de l’élue ainsi que les coûts de ce déplacement. Les frais de transport de la délégation parisienne se sont élevés à 40 955 euros et ceux d’hébergement et de restauration à 18 545 euros. Soit un montant total de 59 500 euros. Dans ce communiqué, la Ville précisait qu’Anne Hidalgo avait pris à sa charge les frais concernant son séjour privé dans la région ainsi que son billet retour pour rentrer à Paris.