Abstention : pourquoi les jeunes ne votent plus

Le premier parti de la jeunesse, c'est l'abstention. On les voit manifester, s'investir, mais les trois quarts des 18-24 ans n'ont pas voté au second tour des législatives. Pourquoi ?

 La jeunesse boude les urnes, tourne le dos aux partis politiques mais reste pourtant très politisée et capable de se mobiliser.  
 La jeunesse boude les urnes, tourne le dos aux partis politiques mais reste pourtant très politisée et capable de se mobiliser.   LP/Elise Pireau

    C'est le défi démocratique le plus ambitieux que les nouvelles forces au pouvoir vont devoir relever au cours du quinquennat : redonner aux Français, plus particulièrement aux jeunes, le goût de voter. La mission s'annonce difficile quand on sait qu'au second tour des législatives, il y a un mois, près des trois quarts (74 %) des 18-24 ans ont tourné le dos aux urnes. C'est 18 points de plus que pour l'ensemble des catégories d'âge. Un plébiscite pour l'abstention, de loin le premier parti de la jeunesse. Un record historique pour ce type d'élection.

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    De drôles d'opérations pour lutter contre l'abstention

    Bien davantage que leurs aînés, les ambassadeurs de l'avenir de notre pays ne se sont jamais aussi peu mobilisés, lassés par les scrutins à répétition (primaires, présidentielle, législatives), jugeant que la bataille du Palais-Bourbon était privée d'enjeux. Ils ont boudé l'un des droits civiques les plus basiques, au risque de fragiliser l'un des piliers de notre République : le suffrage universel. Car, comme l'a reconnu le Premier ministre, Edouard Philippe : «L'abstention n'est jamais une bonne nouvelle pour la démocratie.»

    Grève des isoloirs

    La grève des isoloirs s'enracine. Lors du second tour de la présidentielle, la jeunesse s'était déjà fait remarquer avec 34 % de non-votants, soit une dizaine de points au-dessus de la moyenne. Parmi les déserteurs figurent des révoltés des cités qui ne croient en rien et se sentent exclus du système, mais aussi — et ce phénomène prend de l'ampleur — des étudiants passionnés de politique qui entendent par leur geste donner du sens à leur absence. Les mêmes qui, paradoxalement, sont prêts à se retrousser les manches pour la nation lors d'un service civique ou de s'engager pour la bonne cause dans une association.