Assistants parlementaires : Marine Le Pen mise en examen pour «abus de confiance»

La présidente du Front national, qui avait repoussé l'échéance, a été mise en examen hier pour abus de confiance dans l'enquête sur les assistants parlementaires d'eurodéputés frontistes.

Paris VIIe, le 27 juin. Marine Le Pen est mise en examen trois jours après sa rentrée parlementaire.
Paris VIIe, le 27 juin. Marine Le Pen est mise en examen trois jours après sa rentrée parlementaire. LP/OLIVIER CORSAN

    Après avoir fait faux bond à la justice à deux reprises durant la campagne présidentielle, Marine Le Pen s'est finalement rendue, vendredi après-midi, dans le bureau des juges du pôle financier du TGI de Paris. L'ex-candidate - qui s'était engagée à répondre à cette convocation «après la séquence électorale» - a donc tenu parole.

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    La présidente du FN a écopé d'une mise en examen pour «abus de confiance» et «complicité d'abus de confiance» dans l'enquête sur les assistants parlementaires d'euro-députés frontistes. Elle ne s'est toutefois pas prêtée au jeu des questions-réponses, préférant lire une déclaration aux magistrats. «Elle y conteste les griefs qui lui sont reprochés et elle va déposer un recours contre sa mise en examen, car elle considère qu'il s'agit d'une violation du principe de la séparation des pouvoirs», explique son avocat, Me Rodolphe Bosselut. Ce dernier déposera un recours dès lundi à la chambre d'instruction et il va également réclamer la suspension de l'enquête. «Cette affaire relève du Parlement européen, une institution qui a ses propres règles et son autonomie financière. C'est au Parlement d'engager - comme il l'a déjà fait - une enquête et des sanctions, mais cela ne constitue pas un infraction pénale», plaide l'avocat.

    Depuis plus de deux ans, la justice planche sur ce dossier. Marine Le Pen et seize autres eurodéputés frontistes, dont Jean-Marie Le Pen, sont soupçonnés d'avoir fait rémunérer sur les fonds européens une quarantaine d'assistants parlementaires, alors que ces derniers travaillaient la plupart du temps pour le parti. L'institution européenne estime le préjudice à près de 5 MEUR sur une période allant de 2012 à 2017.

    Le modem également sous le coup d'une enquête

    Le FN aurait-il mis en place un système organisé ? C'est ce que laisse à penser une lettre rédigée en juin 2014 par Wallerand de Saint Just, le trésorier de la formation : «Dans les années à venir et dans tous les cas de figure, nous ne nous en sortirons que si nous faisons des économies importantes grâce au Parlement européen et si nous obtenons des reversements supplémentaires», écrit le cadre frontiste dans ce document saisi par les enquêteurs. Le trésorier a toutefois toujours démenti l'existence d'emplois fictifs.

    Le FN n'est pas le seul parti concerné. Le MoDem est, lui aussi, sous le coup d'une enquête pour «abus de confiance » à l'égard du Parlement européen. Les mêmes faits lui sont reprochés sauf que le parti centriste, lui, n'est pas dans le viseur de l'UE. Et ne doit ses actuels ennuis judiciaires (qui ont conduit à la sortie du gouvernement de François Bayrou et de deux autres ministres) qu'à la dénonciation d'une eurodéputée frontiste, Sophie Montel.

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