Brexit : les Français de Londres vont-ils revenir ?

Environ 300 000 Français vivent aujourd’hui en Grande-Bretagne, mais le Brexit pourrait bien changer le plan de certains, quand d’autres prévoient de rester.

 L’an dernier, plus de 3 000 Français avaient déposé un dossier pour obtenir la nationalité britannique. Ils étaient 1 000 les années précédentes.
L’an dernier, plus de 3 000 Français avaient déposé un dossier pour obtenir la nationalité britannique. Ils étaient 1 000 les années précédentes. Beneluxpix/Maxppp

    Les Anglais ont le blues, mais le Brexit va-t-il forcément faire revenir les Bleus expatriés dans l'Hexagone? Ils sont quelque 300 000 citoyens français outre-manche. Et combien à envisager le départ? « C'est un sujet dont on entend beaucoup parler ici », glisse-t-on du côté de l'Institut français, dans le quartier londonien de South Kensington. Sans qu'une hémorragie ne soit constatée. Beaucoup cherchent au contraire comment rester.

    L'an dernier, plus de 3 000 Français avaient déposé un dossier pour obtenir la nationalité britannique, contre environ 1 000 les années précédentes. C'est ce qu'a fait David Rouland, installé à Londres depuis 1991, marié à une Anglaise. « Le Brexit m'a poussé à demander la nationalité », explique le fondateur de « Visitez Londres », qui propose des parcours en taxi londonien. Et qui possède un double passeport depuis deux mois. Personne dans son entourage français direct ne songe pour le moment à « un retour immédiat ». Lui espère simplement que la sortie de l'UE ne freinera pas la venue de touristes, dont dépend son affaire.

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    Croisés devant le consulat français, Andrea et Jean-François sont aussi installés ici de longue date. Elle travaille indirectement pour le compte de Peugeot, espère que la marque française ne rapatriera pas ses activités dans l'Hexagone. « Le Brexit a créé beaucoup d'incertitude », souffle cette mère de famille. « Je ne compte pas partir, je ferai ma vie ici, même si c'est économiquement plus dur », confie de son côté Hubert Rault, analyste dans le monde bancaire, qui propose des visites sur les traces de Charles de Gaulle à Londres.

    Certaines entreprises ont déjà quitté le pays

    Côté économique, certains ont déjà franchi le pas. Smart Lenders, une petite start-up gestionnaire d'actifs spécialisée dans les prêts en ligne, fondée en 2014 à Londres, est devenue 100 % parisienne depuis le 1er janvier. « Le Brexit allait représenter une difficulté pour nous », confie Erich Bonnet, son fondateur. Et la « politique plus accommodante » pour les start-up prônée par Emmanuel Macron l'a aussi séduit.

    « Beaucoup de gens étudient la question, mais d'autres sont plus attentistes, surtout quand ils ont fait leur vie là-bas », explique-t-il. Dans le milieu de la finance, les grosses holdings renforcent leurs activités ailleurs, comme au Luxembourg, tout en gardant un pied londonien.

    « De plus en plus de sociétés demandent des renseignements à la Chambre de commerce française de Londres, mais souhaitent que cela reste confidentiel », explique une source, qui suit ces questions de près. Les retours se préparent, doucement, chacun étudie où sa société, en fonction du nombre de salariés, pourrait atterrir. La situation politique ne s'éclaircissant pas au Royaume-Uni, l'exode pourrait devenir de plus en plus visible.