Damien Abad, nouveau «chef d’orchestre» des députés LR

A 39 ans, le député de l’Ain vient d’être élu nouveau président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale.

 Damien Abad succède à Christian Jacob qui est resté huit ans président du groupe des députés Les Républicains à l’Assemblée nationale.
Damien Abad succède à Christian Jacob qui est resté huit ans président du groupe des députés Les Républicains à l’Assemblée nationale. AFP/Geoffroy Van Der Hasselt

    Cet été, il a troqué ses lunettes, rectangulaires et un peu austères, pour une nouvelle paire plus ronde, plus moderne. Rien d'anodin, quand on est en campagne. Et c'est à l'image de la « droite moderne » que Damien Abad, élu ce mercredi nouveau président du groupe des députés Les Républicains à l'Assemblée nationale, prétend incarner. Une droite « sociale, populaire, de progrès », vante-t-il, mais qui reste « déterminée sur les questions de laïcité, d'immigration, de sécurité ». A 39 ans, l'élu de l'Ain succède ainsi à Christian Jacob, huit ans à ce poste, tout récemment devenu patron du parti de droite. Et devient le plus jeune président de groupe du palais Bourbon, à la tête de la plus importante escouade de députés de l'opposition.

    En politique, comme au volant de sa 307 sur les sinueuses routes de l'Ain, Damien Abad est allé vite. Arrivé par la voie centriste au milieu des années 2000, il a d'abord fait partie de l'UDF, avant de suivre Hervé Morin au Nouveau centre, d'en créer la branche jeunesse. Il devient eurodéputé dans le Sud-Est à seulement 29 ans, en 2009, avant de s'ancrer territorialement dans l'Ain. Il rompt avec son mentor trois ans plus tard, s'arrime définitivement à l'UMP.

    C'est là qu'il fait son entrée à l'Assemblée, en 2012. Là encore, le diplômé de Sciences-po fait partie des plus jeunes. Son parcours est d'autant plus remarqué qu'il est atteint d'arthrogrypose, une maladie rare qui bloque ses articulations, lui valant d'être le premier handicapé élu député. Rien qui n'a jamais freiné le parcours (fan de sport, et même classé en tennis de table, chez les valides), ni l'ambition de celui qui fut un soutien de Bruno Le Maire à la primaire de 2016.

    « Il est allé chercher les députés un par un »

    Il avait un temps envisagé de se présenter à la présidence de LR, au début de l'été, avant de renoncer… pour finalement briguer la présidence du groupe. « Il a fait une vraie campagne, il est allé chercher les députés un par un », observe un collaborateur LR. Il va même jusqu'à produire un livret programmatique de 20 pages pour détailler sa feuille de route. Le tout lui permet de s'imposer assez largement au deuxième tour de cette élection interne face à son collègue Olivier Marleix, 64 voix contre 37 au député d'Eure-et-Loir. « On a gagné sur l'envie », a commenté Abad.

    « C'est un très bon orateur, plutôt habile », loue un député LREM. « C'est quelqu'un de sympa et qui travaille beaucoup », abonde une collègue LR. « Un mec malin, bien ancré dans son territoire… mais il lui est reproché de la jouer un peu perso », nuance un centriste. Certains députés affirment qu'il a « beaucoup d'ennemis » au groupe LR, que Christian Jacob (qui l'a félicité pour son élection) « pense qu'il n'est pas fiable ». C'est à Abad, désormais, de prouver qu'il peut être ce « chef d'orchestre », selon son expression, qui fasse réentendre les députés de droite face à Macron.