« Désmicardiser » la France : Gabriel Attal a laissé une proposition sur le bureau de Michel Barnier

Parmi les chantiers ouverts par l’ex-Premier ministre Gabriel Attal figure une refonte des exonérations de cotisations sociales. Une façon de rendre moins coûteuse pour les entreprises une augmentation des salaires.

Depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, le montant brut du Smic est de 1 766,92 euros et de 1 398,69 euros pour le montant net. (Illustration) LP/Jean-Baptiste Quentin
Depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, le montant brut du Smic est de 1 766,92 euros et de 1 398,69 euros pour le montant net. (Illustration) LP/Jean-Baptiste Quentin

    L’ancien Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal a laissé à Michel Barnier, son successeur à Matignon, qui a fait du pouvoir d’achat une de ses priorités, une proposition pour « désmicardiser » la France, en revoyant le système d’exonérations de cotisations sociales, a-t-on appris vendredi auprès d’un conseiller gouvernemental sortant.

    Il s’agit d’une « refonte structurelle » de ces exonérations qui concernent aujourd’hui les salaires jusqu’à 3,5 smic, a indiqué à l’AFP ce conseiller de Matignon, confirmant une information des Échos. Ces exonérations, maximales au niveau du smic, instaurées pour soutenir l’emploi, sont aujourd’hui accusées par certains économistes de freiner la progression salariale en créant des « trappes à bas salaires ».

    « Recréer un système avec un allègement unique »

    Aujourd’hui, le système est constitué par un empilement de trois dispositifs : une réduction générale des cotisations, fortement dégressive jusqu’à 1,6 smic, une réduction de 6 points de pourcentage des cotisations maladie (le « bandeau maladie ») jusqu’à 2,5 smic, et une réduction de 1,8 point sur les cotisations familiales (« bandeau famille »).

    La piste retenue par le Premier ministre sortant, sur la base d’un rapport qui lui a été remis par les économistes Antoine Bozio et Étienne Wasmer, est de « recréer un système avec un allègement unique » et non plus ces trois dispositifs. Il serait « dégressif », ce qui éviterait les effets de seuil et s’arrêterait « à trois smic » (au lieu de 3,5 actuellement).

    Aujourd’hui, augmenter de 100 euros net un salarié payé 2 000 euros brut coûte près de 500 euros à l’employeur. Dans le nouveau système, le coût total pour l’entreprise serait plutôt de l’ordre de 350 euros.



    L’an dernier, les députés Jérôme Guedj (PS) et Marc Ferracci (Renaissance) avaient proposé de supprimer l’exonération pour les salaires supérieurs à 2,5 smic, mais cette option n’a pas été retenue car elle aurait été pénalisante pour l’industrie et le commerce extérieur, d’après le conseiller de l’exécutif sortant.

    Pas de surcoût pour les finances publiques en 2025

    Dans la proposition retenue, tout en supprimant les allègements entre 3 et 3,5 smic, « les employeurs sont gagnants » pour les salaires inférieurs à 3 smic, car « cela augmente la masse d’allègements à ce niveau-là », précise-t-on de même source.

    L’option, si elle est retenue par le gouvernement Barnier, ne représenterait pas de surcoût pour les finances publiques en 2025, le volume global des exonérations de cotisations patronales restant d’environ 80 milliards d’euros. Elle pourrait être intégrée dans le prochain projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS).