Emmanuel Macron de retour à Amiens

Le chef de l’Etat va tenter de casser son image de président des villes en se rendant deux jours dans sa ville natale, où il n’a quasiment pas mis les pieds en deux ans.

 « Ces deux jours vont être l’occasion de rappeler son attachement viscéral à ses racines picardes », insistent les équipes d’Emmanuel Macron.
« Ces deux jours vont être l’occasion de rappeler son attachement viscéral à ses racines picardes », insistent les équipes d’Emmanuel Macron. AFP/François Nascimbeni

    Après s'être affiché depuis le début de la semaine entouré de maires, Emmanuel Macron abat une nouvelle carte pour démontrer qu'il n'est pas déconnecté : celle des racines provinciales. En témoigne cette affirmation de son entourage, à la veille de son déplacement à Amiens (Somme) : « Il est Picard et fier de l'être! » Si souvent accusé d'être coupé des territoires, le chef de l'Etat va tenter de casser cette image de président des villes en se rendant ce jeudi et vendredi dans sa ville natale, où il n'a quasiment pas mis les pieds en deux ans.

    Ce déplacement a été préparé avec grand soin, avec toutes les figures imposées : interview dans les colonnes du Courrier Picard, le quotidien régional, rencontre avec des étudiants ce jeudi après-midi, puis un bain de foule avec son épouse Brigitte — elle aussi originaire d'Amiens — ce soir pour l'inauguration du son et lumière de la cathédrale.

    Vendredi matin, c'est dans les quartiers populaires du nord de la ville qu'il se rendra pour inaugurer une maison France Services, après une rencontre avec d'anciens syndicalistes et salariés de l'usine Whirlpool. Bref, une visite XXL. « Amiens, c'est un déplacement important. C'est même son plus gros déplacement territorial en France métropolitaine depuis l'itinérance mémorielle de 2018 », répète son entourage.

    « Amiens, c'est son ancrage »

    « Il n'a jamais abandonné les territoires, et encore moins oublié sa ville. Ces deux jours vont être l'occasion de rappeler son attachement viscéral à ses racines picardes », insistent ses équipes. Tous s'empressent de rapporter combien Emmanuel Macron est agacé d'entendre dire qu'il serait déconnecté. « On lui fait un procès en tour d'ivoirité qui est déplacé. Cela lui est insupportable. Amiens, c'est son ancrage. Son père y vit », insiste un collaborateur.

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    Reste à savoir si la carte postale qu'entend dérouler le président sera fidèle à ses attentes. Car les Gilets jaunes pourraient perturber cet accueil. Sa rencontre avec des étudiants, sur fond de colère dans les facs, pourrait aussi être bousculée. Enfin, son tour de table avec les ex-Whirlpool s'annonce tendu. Deux ans après la reprise par la société WN, le site est au quasi-arrêt, malgré les aides de l'Etat. « Macron avait dit : je vais suivre le dossier de très près. Mais c'était des paroles en l'air. C'est ce que la plupart des gens pensent », nous confiait ainsi récemment François Gorlia, délégué syndical CGT. « Le président va essayer de trouver des solutions », jure un conseiller, conscient que ce dossier est « hyper symbolique ».

    Et pour cause, la première fois qu'il s'est rendu sur place, c'était lors de cette fameuse visite entre les deux tours de la présidentielle, le 26 avril 2017, juste après le passage éclair de Marine Le Pen. Une séquence mémorable, où, malgré les invectives, le candidat d'En Marche avait longuement répondu aux salariés. Un tournant dans la campagne. Autour de lui, certains parlent de ce moment comme de « la naissance politique d'Emmanuel Macron ». Un proche résume : « C'est un retour au pays natal à tous points de vue. »