Affaire Sarah Halimi : en Israël, Macron estime que «le besoin de procès est là»

Il y a un mois, la cour d’appel de Paris a considéré que le suspect du meurtre de cette femme juive était «irresponsable pénalement», fermant la porte à un procès.

    Il n'est pas habituel qu'un chef de l'Etat s'exprime sur une affaire judiciaire. Devant des membres de la communauté française établis en Israël, Emmanuel Macron a pourtant choisi d'évoquer le sort de Sarah Halimi, cette femme juive de 65 ans rouée de coups puis défenestrée en avril 2017, dans le quartier de Belleville, un mois après la décision très décriée de la cour d'appel de Paris. Le 19 décembre, celle-ci avait déclaré l'irresponsabilité pénale de Kobili Traoré, l'homme présumé coupable d'avoir tué sa voisine aux cris de « Allahou akbar ». Selon des rapports d'experts psychiatriques, il était en proie à une « bouffée délirante aiguë ».

    « Je sais combien dans ce contexte l'émotion est encore forte après la décision rendue par la cour d'appel de Paris », a entamé le président avant de prendre toutes les précautions nécessaires. « De là où je vous parle, je ne peux vous parler avec le cœur parce que je suis le garant de l'indépendance de la justice, des principes cardinaux de notre Code pénal. Le président de la République n'a pas à commenter une décision de justice ni à prétendre la remettre en cause. »

    Emmanuel Macron va tout de même s'exprimer sur ce dossier, alors que les avocats des parties civiles se sont pourvus en cassation. « Cela constitue une voie possible par le droit, esquisse le président. Mais j'ai reçu tant de lettres, entendu tant d'émoi, vu tant de rage, de colère à l'idée, au fond, que justice ne soit jamais faite. » Il le rappelle, la justice française a reconnu le caractère antisémite de ce crime. Et de poursuivre : « Je sais la demande de procès qui doit se tenir. La question de la responsabilité pénale est l'affaire des juges, la question de l'antisémitisme est celle de la République. »

    «Que l'on comprenne ce qu'il s'est passé»

    Emmanuel Macron insiste et plaide pour la tenue d'un tel rendez-vous judiciaire. « Même si, à la fin, le juge devait décider que la responsabilité pénale n'est pas là, dit-il, le besoin de procès, lui, est là. Le besoin que toutes les voix s'expriment, se disent, et que l'on comprenne ce qu'il s'est passé, pour que ce que tout un procès comporte de réparation par ce qu'il est lui-même puisse se tenir. Nous en avons besoin dans la République. »

    Ce n'est pas la première fois qu'il s'exprimait sur le dossier. Il était déjà intervenu sur ce procès en recevant Benyamin Netanyahou en 2017 lors de la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv, estimant que le caractère antisémite de ce meurtre devait être reconnu.

    VIDÉO. Macron s'exprime sur l'affaire Sarah Halimi depuis Jérusalem