«Images violentes» sur Twitter : l'immunité parlementaire de Gilbert Collard levée

Le député apparenté FN a publié en 2015 des photos choquantes de victimes de Daech.

Gilbert Collard, député FN du Gard (g) et Marine Le Pen, présidente du FN, le 3 septembre 2016 à Brachay en Haute-Marne.
Gilbert Collard, député FN du Gard (g) et Marine Le Pen, présidente du FN, le 3 septembre 2016 à Brachay en Haute-Marne. AFP/FRANCOIS NASCIMBENI

    Le 16 décembre 2015, Gilbert Collard avait publié sur Twitter des photos de victimes de Daech, suscitant à l'époque une vague d'indignation devant la violence des clichés. Mercredi matin, le bureau de l'Assemblée nationale, sa plus haute instance, a levé l'immunité parlementaire du député apparenté FN. Le bureau ne s'est pas prononcé sur le fond du dossier.

    Le vote a été prononcé à l'unanimité des 22 députés moins une voix, celle de Clémentine Autain (France insoumise). «Les députés Insoumis sont en désaccord total avec ce qu'a fait Gilbert Collard, que nous combattons politiquement de toutes nos forces. Mais le bureau ne statue pas sur le fond. Ce qui s'est joué ce matin est une remise en cause de fait de l'immunité parlementaire, dans des délais pas démocratiques (...) LREM joue avec le feu», a-t-elle justifié.

    «La presse m'apprend que, pour un tweet, l'Assemblée a levé mon immunité que l'ancienne n'avait pas levée : je les trouve ridicules !», a réagi Gilbert Collard sur Twitter. Le bureau avait une première fois, en février, rejeté une telle demande, la requête de la justice n'étant jugée pas «suffisamment précise». Cette fois, la justice a précisé vouloir délivrer un «mandat de comparution» et un «mandat d'amener», Gilbert Collard ne s'étant pas rendu aux convocations jusqu'alors, a précisé Sylvain Waserman (MoDem).

    Marine Le Pen également concernée

    Le parquet de Nanterre avait ouvert une enquête parlementaire en décembre 2015 pour «diffusion d'images violentes» à l'encontre de Gilbert Collard et de Marine Le Pen, qui avait également publié des clichés choquants sur Twitter. Le Parlement européen avait levé l'immunité de la présidente du FN en mars dernier.

    Gilbert Collard avait tweeté la photo d'un homme gisant au sol, le crâne défoncé, avec ce commentaire : «Bourdin (ndlr. Jean-Jacques Bourdin, journaliste à BFM-TV et RMC) compare le FN à Daech : le poids des mots et le choc des bobos !» Marine Le Pen avait posté trois photos avec le texte «Daech; c'est ça !»: un homme vêtu d'une combinaison orange sous les chenilles d'un char, un homme vêtu de la même manière enflammé dans une cage et un corps d'homme décapité avec la tête posée sur le dos. Elle avait ensuite retiré une des photos, celle de James Foley, qui avait «profondément choqué» la famille de l'otage américain exécuté par Daech.

    Le Code pénal punit de trois ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende le fait «de diffuser (...) un message à caractère violent, incitant au terrorisme, pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine» lorsque ce message est «susceptible d'être vu ou perçu par un mineur». Tout député ne peut faire l'objet d'une arrestation ou de toute autre mesure privative ou restrictive de liberté sans l'autorisation du Bureau, sauf en cas de crime ou flagrant délit.