INTERACTIF. Révision constitutionnelle : une adoption et des divisions

 

INTERACTIF. Révision constitutionnelle : une adoption et des divisions

    Eparpillés, façon puzzle... Le projet de loi constitutionnelle de protection de la Nation a été adopté, ce mercredi après-midi, par 317 voix, contre 199 et 51 abstentions. Certes, le résultat est net. Mais ce scrutin a profondément divisé les députés, tous bords confondus. A l'exception du Front de gauche, vent debout contre la réforme, aucun groupe n'est parvenu à s'entendre sur une position unanime.

    Après des semaines de guerre de tranchées sur la déchéance de nationalité, c'est sans surprise la majorité qui souffre de la fracture la plus béante. Malgré la mise en garde de Manuel Valls dans le huis-clos de la réunion du mardi, malgré l'appel de François Hollande à «confirme(r) cette réforme constitutionnelle» en conseil des ministres ce mercredi matin, malgré les pressions exercées en coulisses, malgré l'imminence du remaniement, seuls 165 députés PS ont suivi les consignes de vote. 83 d'entre eux se sont prononcés contre le texte et 36 se sont abstenus. Les Radicaux de gauche ont en majorité joué le jeu, mais ne cachent par leurs réserves. Quant aux écologistes, ils ne sont que quatre -les pro-gouvernement- à avoir dit «oui».

    Le gouvernement n'en a pas fini avec les épreuves

    Cette fronde record n'a pas empêché le Premier ministre de clamer sa satisfaction à l'issue du scrutin. Car Manuel Valls a (bien vite) fait ses comptes : «Une majorité des 3/5e des députés se sont hissés à la hauteur des responsabilités.» 3/5e, c'est la barrière requise pour faire adopter la révision constitutionnelle en Congrès. Cela n'a pas non plus échappé à l'Elysée, qui s'est, dans la foulée, félicité de ce résultat.

    Sauf que le gouvernement n'en a pas fini avec les épreuves... D'une part, la barre des 3/5e n'a été franchie que de sept petites voix ce mercredi. Il faut, qui plus est, que le texte soit avalisé dans les mêmes termes par l'Assemblée et le Sénat. Difficile d'imaginer que la Haute assemblée, majoritairement à droite, n'y apportera aucune retouche. Le président du Sénat Gérard Larcher (LR) a déjà annoncé la volonté de revenir à la version initiale, qui visait à étendre la déchéance de nationalité aux binationaux nés en France, référence supprimée par l'Assemblée à la demande notamment d'une partie de la gauche. Là encore, il y a un hic. Car chez Les Républicains aussi, c'est la cacophonie. 111 d'entre eux ont effectivement voté en faveur de la révision constitutionnelle, comme demandé la veille par Nicolas Sarkozy. Mais, ils sont 74 à s'être affranchis des consignes.

    D'où cette mise en garde de Roger-Gérard Schwartzenberg, chef de file des députés radicaux de gauche, adressée au Premier ministre : «Vous voulez l'union nationale, mais pouvez-vous l'obtenir avec le soutien de la moitié de la majorité et de la moitié de l'opposition?» Même si le Sénat pourrait apporter des modifications «s'il le juge nécessaire», Valls se dit «convaincu que ce texte sera approuvé par une majorité au Congrès». Voire... Selon l'ancien Premier ministre, François Fillon, «ce texte va être profondément modifié au Sénat» et «n'ira jamais au Congrès car il n'aura pas de majorité». Même prédiction de l'écologiste Noël Mamère : «J'ai bien peur que ceux qui veulent aller à Versailles se retrouvent à Canossa.».