Jean-Michel Blanquer regrette la «symbolique» sur le lieu, après la polémique sur ses vacances à Ibiza

Questionné à l’Assemblée nationale, puis au 20 Heures de TF1, le ministre de l’Education nationale a tenu à se défendre d’avoir dévoilé le nouveau protocole sanitaire (au Parisien) depuis Ibiza. Une justification accompagnée d’un petit mea culpa.

    C’est une prise de parole qui était très attendue. Alors que l’opposition demandait sa démission, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale, s’est exprimé ce mardi pour se défendre d’avoir annoncé le nouveau protocole sanitaire dans les écoles depuis Ibiza (Espagne), comme l’a révélé Mediapart lundi. Englué dans cette polémique, le ministre a laissé filtrer des remords.

    A l’Assemblée nationale cette après-midi, il a dit « regretter la symbolique » de ses vacances à Ibiza, une information qui a suscité de vives critiques. « Il se trouve que le lieu que j’ai choisi, j’aurais dû en choisir sans doute un autre. La symbolique, je la regrette », a reconnu le ministre lors de la séance de questions au gouvernement.



    Jean-Michel Blanquer avait auparavant posé trois questions pour sa défense. « Est-ce que j’avais le droit de prendre quelques jours de congé après cette année ? Est-ce qu’il y a des réunions ou des éléments que je devais faire pendant cette période que je n’ai pas faits à cause de ça ? Non bien sûr », a-t-il assuré.

    « Et troisièmement, est-ce que les décisions auraient été différentes si j’avais été ailleurs ? Non plus », a-t-il ajouté, avant de poursuivre : « Il y a, je le reconnais, une symbolique ». « Pour le reste, depuis deux ans avec la majorité, avec mes équipes, avec tous les professeurs de France, nous tenons la politique de l’école ouverte. C’est cela qui est l’essentiel, et ne nous perdons pas dans l’accessoire », a-t-il ajouté.

    «Ne nous perdons pas dans l’accessoire»

    « C’était peut-être un peu une erreur », a-t-il ensuite reconnu au journal de 20 heures de TF1, tout en estimant que « si on regarde froidement les choses, on ne doit pas non plus tous les jours battre sa coulpe parce que les adversaires ont envie de vous déstabiliser ».

    Selon une source au sein de l’exécutif confirmant une information de Politico, Nicolas Revel, le directeur de cabinet du Premier ministre Jean Castex, avait déconseillé à Blanquer de se rendre aux Baléares au vu du contexte.

    Plus tôt dans la journée, le député (LREM) du Rhône Bruno Bonnell avait tenté de défendre l’ancien patron de l’Essec de Cergy-Pontoise. « Ibiza c’est plus proche de Paris que certains coins reculés de France », voulait-il expliquer alors qu’il était invité de BFM.

    Déjà mis à mal par une grève

    Plus tôt dans la journée, le député (LREM) du Rhône Bruno Bonnell avait tenté de défendre l’ancien patron de l’Essec de Cergy-Pontoise. « Ibiza c’est plus proche de Paris que certains coins reculés de France », voulait-il expliquer alors qu’il était invité de BFM.

    La révélation par Mediapart du séjour à Ibiza de Jean-Michel Blanquer lorsqu’il a dévoilé au Parisien le nouveau – et controversé et amendé depuis — protocole sanitaire pour les écoles, à la veille de la rentrée de janvier, a suscité une vague de critiques, fragilisant le ministre de l’Éducation déjà mis à mal par une grève très suivie. Pour les syndicats enseignants, ces vacances sont « un symbole terrible ». « Ça creuse encore plus le fossé qui existait déjà entre le ministre et ses personnels », a réagi Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire.

    C’est « le symbole d’une grande désinvolture et d’une grande légèreté », a renchéri Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du second degré (collèges, lycées). Pour Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa, « cette révélation est l’illustration de la distance et du décalage du ministre avec la réalité sanitaire ».

    «Le mot démission sera prononcé par bien des candidats»

    Du côté de la classe politique, la gauche réclame à nouveau sa démission. « Trop c’est trop. Jean-Michel Blanquer doit démissionner », a réagi la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, dans un tweet. Le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot a évoqué un « niveau de mépris et d’irresponsabilité (qui) n’est pas acceptable ».

    « On est en période présidentielle, donc le mot démission sera prononcé par bien des candidats très souvent », a répondu Jean-Michel Blanquer sur TF1.

    A droite, Othman Nasrou, vice-président de la région Île-de-France et porte-parole de la candidate LR à la présidentielle Valérie Pécresse, a appelé le ministre à « s’expliquer sur les circonstances et les raisons de ce fiasco ».

    « Il y a une règle qui est fixée pour le gouvernement s’agissant des vacances : il faut être joignable en permanence, à sa tâche. Je n’ai aucune raison de penser que ce n’était pas le cas de M. Blanquer », s’est contenté d’assurer le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.