Polémique Médine : « On a eu tout faux », assume Marie Toussaint, Mathilde Panot « honorée »

L’eurodéputée EELV annonce qu’elle n’ira pas écouter le rappeur, invité jeudi aux journées d’été du parti écologiste. Côté Nupes, où il interviendra aussi dimanche aux universités d’été, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale estime quant à elle qu’il fait l’objet d’une « cabale ».

Marie Toussaint (EELV) et Mathilde Panot (LFI), pas du tout en phase sur la polémique autour du rappeur Médine invité aux journées d'été des deux partis. AFP/SEBASTIEN SALOM-GOMIS et LP/ Delphine Goldsztejn
Marie Toussaint (EELV) et Mathilde Panot (LFI), pas du tout en phase sur la polémique autour du rappeur Médine invité aux journées d'été des deux partis. AFP/SEBASTIEN SALOM-GOMIS et LP/ Delphine Goldsztejn

    La rentrée politique de la Nupes gâchée par la polémique autour de Médine ? L’invitation du rappeur aux journées d’été d’Europe Ecologie-les-Verts (EELV) et des universités d’été de La France insoumise (LFI) divise au sein de la coalition et est vivement critiquée par l’opposition. Un récent tweet de l’artiste qualifiant l’essayiste Rachel Khan, juive et petite-fille de déportés, de « resKHANpée » et jugé antisémite a contribué à mettre de l’huile sur le feu.

    Malgré les excuses de ce dernier, notamment dans nos colonnes, les élus de la Nupes ont tenté d’éteindre le feu ce mercredi matin. Ils n’ont toutefois pas utilisé la même communication. Du côté d’EELV, Marie Toussaint, eurodéputée et tête de liste pour les élections européennes, a fait une sorte de mea-culpa sur franceinfo. « J’assume que nous ayons fait une erreur. Le problème n’est pas Médine, c’est nous. On a cherché le buzz, on l’a eu de la pire des manières possibles. On ne badine pas avec l’antisémitisme », a-t-elle déclaré.



    « On a eu tout faux de A à Z. (…) Nous nous sommes tendus à nous-même un piège et il faut absolument qu’on réussisse à passer à autre chose », a ajouté l’eurodéputée, qui précise que la présence du rappeur est tout de même maintenue, laissant sous-entendre qu’il est « trop tard » pour annuler. Elle n’ira en revanche pas l’écouter, lors du temps d’échange prévu jeudi entre l’artiste et la secrétaire nationale du parti écologiste, Marine Tondelier. « Je serai ailleurs à ce moment-là », a justifié Marie Toussaint.

    Sur les attaques venues de la part de Jean-Luc Mélenchon, qui a jugé les Verts « soumis au qu’en-dira-t-on des hypocrites », Marie Toussaint a rétorqué : « Nous ne sommes soumis à personne et certainement pas à Monsieur Mélenchon », lançant au leader Insoumis que « quand on a un allié qui est dans la difficulté, on n’en profite pas pour lui mettre la tête sous l’eau ».

    Un peu plus tôt, dans l’émission « Les 4 vérités » de Télématin, sur France 2, le député écologiste de Paris Julien Bayou a estimé que le tweet de Médine était « immonde ». « Depuis, il s’en est excusé, mais ce n’est pas suffisant », a-t-il jugé.

    Selon lui, « peut-être aurait-il été plus simple de ne pas l’inviter », toutefois « je crois que c’est important, maintenant que la polémique a tellement enflé, qu’on puisse prendre le temps de discuter. Il faut pouvoir avoir l’explication de texte ». Et d’ajouter : « Je fais confiance à Marine Tondelier pour cadrer le débat, l’interrompre si la clarification n’est pas là et réaffirmer la priorité de la lutte contre l’antisémitisme. »

    Médine victime d’une « cabale ignoble »

    Du côté des Insoumis en revanche, on estime qu’« il n’y a pas de sujet Médine », a déclaré Mathilde Panot, députée du Val-de-Marne, dans la matinale de France Inter. La présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale s’est même dit « honorée », « contente et heureuse » de la présence du rappeur aux universités d’été de LFI, samedi.

    Selon elle, Médine est victime d’une « cabale ignoble menée par l’extrême droite main dans la main avec les Macronistes », ajoutant qu’il était « insupportable qu’on salisse quelqu’un en expliquant qu’il est antisémite ». Déterminée à prendre la défense de l’artiste, elle a martelé que « Médine n’est pas antisémite » : « C’est un rappeur engagé (…), quelqu’un de droit, qui s’engage à fois contre toutes les discriminations et contre la réforme des retraites. »

    Parallèlement sur BFMTV, le député insoumis des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard a estimé que le « procédé utilisé à l’égard de Médine est odieux, mensonger et infamant », accusant l’extrême droite d’avoir « instrumentalisé » cette campagne contre le rappeur « pour le faire taire ».

    Manuel Bompard a dit « comprendre l’émotion » de Rachel Kahn après le tweet de l’artiste. Mais selon lui, la polémique n’a plus lieu d’être : « Ça va durer combien de temps ? Il a fait des erreurs, il les a reconnues. C’est bon. »