Présidentielle : la primaire, une bombe à retardement pour Les Républicains

Faudra-t-il, ou pas, organiser une nouvelle primaire pour que la droite désigne son candidat pour la présidentielle 2022 ? Chez Les Républicains, le sujet divise.

 En 2016, la primaire à droite avait davantage divisé que rassemblé.
En 2016, la primaire à droite avait davantage divisé que rassemblé. LP/Arnaud Dumontier

    Chez Les Républicains, la primaire est loin d'être un sujet secondaire. Alors qu'ils se remettent à peine de leur débâcle des européennes, en plus d'être affaiblis par les départs, la question de la désignation de leur futur candidat à la présidentielle taraude déjà à droite. Mais alors que le parti doit désigner à l'automne son nouveau président, personne n'avait jusqu'à présent envie de se brûler les doigts maintenant avec un sujet aussi clivant.

    C'est le député de l'Yonne et candidat à la présidence, Guillaume Larrivé, qui a choisi de briser ce silence. Et d'en faire un argument de campagne. « Si je suis élu président des Républicains, je proposerai aux militants de supprimer la primaire », a-t-il déclaré, mercredi, sur France Inter, estimant que c'était « une machine à créer des divisions ».

    À LR, c'est peu dire que le sujet divise. Beaucoup se souviennent de la primaire de 2016 – ouverte aux citoyens et non plus seulement aux adhérents – comme d'un traumatisme, auquel certains attribuent la débâcle de François Fillon. Selon un sondage réalisé en interne après la présidentielle, 70 % des adhérents souhaitaient l'enterrer définitivement. « Elle est dans les statuts. C'est pour cela qu'il va falloir les changer… » déclarait Jean Leonetti devant un parterre de militants, le 10 juillet dernier à Rochefort (Charente-Maritime).

    «Le pire des systèmes à l'exception de tous les autres»

    « Telle que nous l'avons connue en 2016, la primaire a été un échec. Les candidats se sont mutuellement affaiblis », déplore Annie Genevard, secrétaire générale de LR. Plus péremptoire encore, le maire de Troyes, François Baroin – que beaucoup désignent comme favori à droite pour 2022 – à L'Express : « La primaire à droite a tué, et la primaire, et la droite. Il faut repérer un endroit type Bure ( NDLR : projet de site d'enfouissement de déchets nucléaires ) pour l'enfouir. Si on veut être sûr de perdre, on organise une primaire! »

    Il est vrai que ce processus de désignation n'est pas dans l'ADN du parti gaulliste, qui préfère habituellement s'en remettre à un chef incontesté. « Il est sûr que si l'on pouvait s'en passer ( NDLR : de la primaire ), en cas de candidat naturel, ce serait mieux, expliquait récemment Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR, au Monde. Mais la primaire, c'est comme la démocratie, c'est le pire des systèmes à l'exception de tous les autres. » « Ça a du sens si on veut être ouvert, moderne, si on veut rassembler largement la droite et le centre ou bien se rabougrir », estime de son côté Julien Dive, député de l'Aisne.

    Candidat à la présidence du parti, le député du Vaucluse Julien Aubert imagine deux alternatives possibles : une « primaire semi-fermée » qui inclurait les adhérents, mais aussi des sympathisants, pour lesquels on créerait un nouveau statut, ou bien remettre ce vote dans les mains des conseillers nationaux LR ainsi que des élus locaux à jour de cotisation. Mais les candidats devraient dans les deux scénarios être encartés à LR, contrairement à 2016. Ce qui reviendrait à exclure de fait du processus les ténors partis de LR, comme Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse. Promesse d'une multiplication des candidatures à droite de Macron, qui ouvrirait un boulevard au président sortant.

    Un débat… remis à plus tard

    En apparence technique, le mode de désignation de son candidat à la présidentielle est un sujet hautement stratégique pour la droite. Et qui ne manquera pas d'animer les débats internes… mais plus tard. Favori dans la course à la présidence du parti, Christian Jacob estime de son côté qu'il est urgent d'attendre : « Une haie après l'autre! On ne peut pas le mettre sur la table aujourd'hui. On ne va pas se faire des nœuds au cerveau tous les jours. Les Français se moquent de savoir comment on désignera notre candidat à la présidentielle. »

    Dans un état proche du coma politique après les européennes, il est vrai que LR a peut-être d'autres priorités. Ironique, Eric Woerth : « Savoir qui sera le bon candidat en 2022, c'est un peu comme si un gars en réanimation se demandait s'il est inscrit au marathon dimanche. »