« Supprimer le droit du sol ne résout rien »
LE MINISTRE
de l'Outre-Mer, François Baroin, a déclenché une tempête en évoquant dans « le Figaro Magazine
» une possible remise en question du droit du sol
(NDLR : toute personne née sur le territoire
a droit à la nationalité française)
dans certaines collectivités d'outre-mer comme Mayotte.
Valérie Létard, sénatrice du Nord et maire adjointe UDF de Valenciennes, vient de passer plusieurs
jours en mission sur cette île de l'océan Indien avec une délégation de la Commission des affaires
sociales du Sénat. Elle nous livre ses impressions, qui ne préjugent en rien du rapport qui
sera remis par la Commission à François Baroin.
Quelle est la situation à Mayotte ?
Valérie
Létard.
Les problèmes sont immenses, notamment en matière de développement et sur le plan sanitaire
où la mortalité infantile est importante. Tous nos interlocuteurs nous ont dit que, si on ne
réussissait pas à résoudre en priorité la question de l'immigration clandestine, cela réduirait
presque à néant tous les efforts. Mayotte subit un flux constant d'immigration clandestine en
provenance de l'archipel des Comores. Il y a actuellement entre 55 000 et 60 000 personnes en
situation irrégulière sur une population totale de 170 000 habitants ! Il faut ajouter à cela
une démographie locale forte : à la maternité de Mamoudzou, on réalise 5 000 accouchements par
an.
« Développer
la coopération »
Faut-il remettre en cause le droit du sol ?
Ce n'est pas aussi
simple. Le droit du sol est une variable possible parmi d'autres, mais je ne crois pas que cela
puisse changer grand-chose. Les familles comoriennes qui arrivent sont attirées par notre système
de santé et d'éducation. Elles viennent trouver des moyens de subsistance. Les personnes malades
sont prises en charge, qu'elles soient en situation régulière ou non. Le droit du sol n'y change
donc rien.
Quelle est la solution ?
Il n'y a sans doute pas d'autre solution, pour freiner l'immigration
illégale, que de développer la coopération avec les pays voisins les plus pauvres.