« Vous entrez ici en soldat avec vos camarades » : Missak Manouchian repose au Panthéon

Quatre-vingts ans jour pour jour après son exécution par les nazis, le résistant communiste, poète et apatride, a rejoint ce mercredi soir la crypte du temple des Grands Hommes, au côté de sa femme Mélinée, au terme d’une poignante cérémonie.

Les cercueils de Missak Manouchian et de son épouse Mélinée sont entrés au Panthéon ce mercredi. AFP/Ludovic Marin
Les cercueils de Missak Manouchian et de son épouse Mélinée sont entrés au Panthéon ce mercredi. AFP/Ludovic Marin

    Deux haies de parapluies, courbés par les bourrasques de vent et de pluie, s’inclinent de part et d’autre de la rue Soufflot. Missak et Mélinée Manouchian cheminent vers leur dernière demeure, au pas lent des soldats de la Légion étrangère. Deux drapeaux détrempés enveloppent leurs cercueils, linceuls d’une République que le résistant d’origine arménienne avait adoptée sans en avoir jamais eu les papiers. « Français d’espérance », a rendu hommage ce mercredi soir Emmanuel Macron, dans le discours qui clôt la cérémonie, sous l’immense coupole du Panthéon.

    Un écho à ces « Français de préférence » célébrés par Louis Aragon dans son poème sur ceux de l’Affiche rouge, dont Manouchian était la figure centrale. Il est le premier communiste et le premier étranger — il est mort apatride — à entrer au Panthéon. Dans le caveau 13 de la crypte où il repose désormais avec son épouse, elle dessous, lui dessus, il aura pour voisins Joséphine Baker et Maurice Genevoix. Et symboliquement, ses frères d’armes, exécutés le même jour que leur chef au Mont-Valérien. Joseph Epstein, alias Colonel Gilles, le responsable général du réseau, arrêté avec Manouchian, sera fusillé le 11 avril dans la même clairière. Golda Bancic, juive d’origine roumaine, est la seule à avoir échappé au peloton. Parce que c’était le sort que le droit nazi réservait aux femmes, elle a été décapitée un peu plus tard dans une prison allemande.