« Avant de mourir, ma sœur m’a fait promettre de raconter » : rescapée de la Shoah, Esther Sénot est venue à Perpignan

À quinze ans, elle a connu l’enfer du camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau. Près de 80 ans plus tard, Esther Sénot témoigne sans relâche de son histoire dans les lycées et collèges. Elle était le 6 septembre dans les Pyrénées-Orientales.

Esther Sénot, 96 ans, n'a omis aucun détail de son parcours, depuis sa naissance en Pologne en 1928, jusqu’aux pages les plus sombres vécues dans le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau avant un miraculeux retour en France à la fin de la guerre, vivante. LP/Nelly Barbé
Esther Sénot, 96 ans, n'a omis aucun détail de son parcours, depuis sa naissance en Pologne en 1928, jusqu’aux pages les plus sombres vécues dans le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau avant un miraculeux retour en France à la fin de la guerre, vivante. LP/Nelly Barbé

    Esther Sénot était ce vendredi 6 septembre devant des élèves du lycée Lurçat et du collège Camus de Perpignan pour témoigner. Cela fait plus de quarante ans que cette dame, âgée aujourd’hui de 96 ans, rescapée de la Shoah, vient régulièrement à la rencontre des lycéens et des collégiens de France et d’ailleurs. « Avant de mourir à Auschwitz, ma sœur Fanny m’a fait promettre de tout raconter, tout ce que nous avons enduré, pour ne pas être les oubliés de l’Histoire », explique-t-elle devant la bonne centaine d’élèves présente ce jour-là.

    « Leur objectif était aussi de nous déshumaniser »

    Pendant près de deux heures, d’une voix claire et assurée, Esther Sénot reprend alors le fil de sa vie, depuis sa naissance en Pologne en 1928, jusqu’aux pages les plus sombres vécues dans le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau avant un miraculeux retour en France à la fin de la guerre, vivante. Elle n’omet aucun détail de son parcours, ni l’enfance heureuse qu’elle a passée dans le quartier de Belleville à Paris, – « On vivait comme dans un village. Il y avait une très grande solidarité entre nous, pas de communautarisme comme il peut y en avoir aujourd’hui, pas de problème de religion ou d’opinion » –, ni la peur qui se répand progressivement – « en juin 1942, on nous oblige à porter l’étoile jaune, on était vite repéré dans la rue » –, ni l’horreur à l’état pur dans le camp de concentration de Birkenau suite à son arrestation en août 1943 : « Leur objectif était aussi de nous déshumaniser », insiste-t-elle.



    Durant tout son récit, l’attention de la jeune audience n’aura pas faibli un seul instant. « J’ai trouvé très émouvant d’entendre toute l’histoire de sa vie. Elle veut transmettre un message aux générations futures, que tout le monde doit être accepté tel qu’il est », retient Evan, 17 ans, en classe de terminale. « On nous raconte cette histoire depuis notre enfance mais là, de rencontrer une personne qui l’a vécue, qui parle à la première personne, ça m’a beaucoup plus touchée et j’ai – malheureusement – beaucoup mieux imaginé ce qui avait pu se passer pendant cette période plutôt qu’en lisant des manuels d’histoire où on ne se rend pas forcément compte de toute l’horreur », confie, de son côté, Sanja, 17 ans. À ses côtés, Théo, 16 ans, lui aussi en terminale, estime aussi avoir appris « beaucoup plus avec ce témoignage. Il faut continuer à en parler. »