Lancement réussi pour le premier élément de la station spatiale chinoise

Le module central Tianhe («Harmonie céleste»), futur lieu de vie des astronautes chinois a été propulsé dans l’espace depuis le centre de lancement de Wenchang, sur l’île de Hainan (sud).

Le premier module de la station spatiale chinoise a décollé du centre de lancement de Wenchang, sur l’île de Hainan (sud) de la Chine. REUTERS /CHINA OUT.
Le premier module de la station spatiale chinoise a décollé du centre de lancement de Wenchang, sur l’île de Hainan (sud) de la Chine. REUTERS /CHINA OUT.

    Thomas Pesquet, notre astronaute national qui s’est installé pendant six mois dans la station internationale ISS va bientôt voir arriver des voisins dans l’espace ! La Chine a lancé avec succès dans la nuit de mercredi à jeudi, le premier des trois éléments de sa station spatiale, la « CSS » dont la construction nécessitera jusqu’à fin 2022 une dizaine de missions.



    Le premier module central Tianhe (« Harmonie céleste »), futur lieu de vie des astronautes chinois a été propulsé par une fusée Longue-Marche 5B depuis le centre de lancement de Wenchang, sur l’île de Hainan (sud).

    La station « sera une avancée majeure pour les capacités chinoises en matière de vols habités », a déclaré Jonathan McDowell, astronome au Centre Harvard-Smithsonian pour l’astrophysique, aux Etats-Unis. « Cela devrait leur permettre d’avoir une présence humaine permanente dans l’espace et donc d’accroître de manière significative l’expérience de leurs astronautes ».

    Nommée en anglais CSS pour « Station spatiale chinoise » et en chinois Tiangong « Palais céleste », cette station évoluera en orbite terrestre basse, c’est-à-dire entre 340 et 450 km d’altitude au-dessus de nos têtes. Une fois terminée, la CSS devrait peser près de 100 tonnes. À titre de comparaison, elle sera environ trois fois plus petite en taille que la Station spatiale internationale (ISS).

    Missions habitées vers la Lune, tourisme spatial et sciences spatiales

    Le module Tianhe d’une longueur de 16,6 mètres et d’un diamètre de 4,2 mètres servira de cœur de la station avec notamment son poste de contrôle. Rapidement, un vaisseau cargo, Tianzhou-2, devrait être lancé et s’arrimer à Tianhe, en mai selon le calendrier prévu. Puis la mission habitée « Shenzhou 12 » doit emmener en juin des astronautes à bord de cette CSS pour commencer l’assemblage. Une fois terminée en 2022, la durée de vie de cette station est prévue pour une période de 10 à 15 ans.

    « Elle servira de base à des opérations de plus grande envergure : missions habitées vers la Lune, tourisme spatial, sciences spatiales ou encore applications concrètes pour les humains », explique Chen Lan, analyste du site GoTaikonauts.com, spécialisé dans le programme spatial chinois.

    Avec la CSS chinoise et l’ISS chapeautée par l’agence spatiale américaine (Nasa), il y aura donc deux stations en orbite autour de la Terre. « Politiquement, cela symbolise le renforcement de la concurrence entre Etats-Unis et Chine », ajoute Chen Lan.

    Pékin s’est dit ouvert à des collaborations avec l’étranger. Des scientifiques chinois et de l’ONU ont ainsi sélectionné des expériences de chercheurs étrangers, qui seront menées dans la future CSS. « La Russie et le Pakistan seront très probablement les premiers partenaires et pourraient être suivis par l’Agence spatiale européenne (ESA) », ajoute l’expert. Ce rapprochement de la Russie et de la Chine pourrait d’ailleurs amorcer le déclin de la collaboration exceptionnelle entre les Etats-Unis et de la Russie depuis des décennies dans le domaine de l’espace et cela malgré les tensions politiques sur Terre.

    Reste que cette station positionne la Chine comme un acteur essentiel de l’espace dans les années à venir après avoir mis les moyens pour combler leur retard sur les Etats-Unis, l’Europe et la Russie. La Chine prévoit de faire atterrir le mois prochain un robot sur Mars ou encore d’envoyer des humains sur la Lune à l’horizon 2030. Elle a également annoncé vouloir construire une base lunaire avec la Russie.