En Normandie, on peut à nouveau visiter le cloître de l’abbaye de Saint-Wandrille

La célèbre abbaye normande, l’une des plus anciennes de France, n’en finit pas de renaître de ses ruines. Après cinq années de travaux, c’est au tour d’un chef d’oeuvre de dentelle d’être à nouveau ouvert au public.

Le cloître de Saint-Wandrille (Seine-Maritime) rejoue avec les ombres et les lumières pour apporter calme et spiritualité. Fred.D. #Presse30
Le cloître de Saint-Wandrille (Seine-Maritime) rejoue avec les ombres et les lumières pour apporter calme et spiritualité. Fred.D. #Presse30

    Fondée par Wandrille sur un domaine gallo-romain le 1e mars 649 à la demande de Saint-Ouen, archevêque de Rouen, avec l’aide de la Reine Mathilde, l’abbaye Saint-Wandrille de Fontenelle est l’une des plus anciennes de France encore en activité. A son apogée, entre la XIIe et XIIIe siècle, des moines ont afflué de l’Europe entière vers Saint-Wandrille. En 960, l’abbé Maynard, futur fondateur en 966 du Mont-Saint-Michel, y a fait escale et le destin de l’abbaye est intimement lié à l’Histoire de France, des raids vikings aux guerres de religions.

    Pillée en 1562 par les Huguenots, vendue à la Révolution française comme bien national à Cyprien Lenoir, qui en dilapidera les pierres, ou cédée à l’Irlandais George Koska de Stacpoole pour en faire une résidence d’été, Saint Wandrille résiste au fil des siècles entre constructions, restaurations et reconstructions. L’église Saint-Pierre, longue de 86 mètres, dont il ne subsiste aujourd’hui que le transept, fut rebâtie pas moins de quatre fois. Cette résilience monastique se poursuit en ce printemps 2023, avec l’ouverture au public du cloître construit du XIVe au XVIe siècle, qui était fermé depuis cinq ans.



    Monument historique classé en 1862, les onze hectares de Saint-Wandrille, sont la propriété de la communauté des moines rattachée à la congrégation de Solesmes. L’abbaye abrite vingt-huit frères dont un des plus connus fut l’Abbé Pierre, entre 1983 et 1991 : « Saint-Benoît a demandé que les moines gagnent leur vie par leur travail. Ici, nous avons un atelier de nettoyage et de restauration de tableaux, une brasserie et une boutique. Nous sommes aussi sélectionneurs et récoltants de miel que nous vendons et nous organisons des visites guidées du site », explique le frère Lucien.

    Afin de garantir toutes ces activités, les bâtiments sont sous contrôle permanent « principalement à notre époque en raison des dégradations causées par l’humidité et le gel, qui fait exploser la pierre, explique le religieux. Avec l’aide de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), nous avons aussi lancé de grands projets de restauration. Le dernier en date a été le cloître qui, avec celui du Mont-Saint-Michel, est le plus complet dans son volume de Normandie ».

    L’humidité et le gel sont ses pires ennemis

    Les études ont donc été lancées en 2012 et, depuis cinq ans, les artisans dont ceux de l’atelier d’insertion Pierre d’Angle des Apprentis d’Auteuil, ont restauré les voûtes, les statues, les pinacles, le parapet, le pavage refabriqué à Saint-Samson-la-Poterie (Seine-Maritime), selon les techniques anciennes, et les croisés d’ogives.

    Sous la direction de Pierre Bortolussi, architecte en chef des Monuments historiques, le cloître a même retrouvé ses couleurs originelles après la découverte de polychromies sous d’anciens enduits. Le cœur spirituel sera bientôt fermé par une porte en chêne massif sculpté chez Christophe Bénard, maître artisan d’art installé à Yerville (Seine-Maritime). Et, il ne faut pas croire que les frères vont s’arrêter là.

    En effet, alors que l’aile est du Clos Saint-Jacques édifié en 1688 par les Mauristes et fragilisé après son amputation au XIXe siècle risquent de tomber en raison le fondations fragiles, le projet Bathildis, une reconstruction urgente, est lancée. Une extension sera réalisée en béton, habillée en pierre de taille. Les travaux de consolidation ont débuté. La nouvelle aile accueillera l’infirmerie, la bibliothèque et des chambres. « Ce chantier, indique le frère Lucien, sera financé par les subventions, du mécénat et des dons. »

    St-wandrille.com