Bobigny : «Vous pensez que j’aurais attendu 50 ans pour devenir un truand ? »

Christian Bartholmé, premier adjoint au maire UDI, ciblé par les perquisitions mardi.

 Bobigny, le mercredi 29 mai. Le premier adjoint, Christian Bartholmé, à son bureau de l’hôtel de ville de Bobigny, au lendemain de la vague de perquisitions dans le cadre d’une enquête préliminaire du parquet national financier, déclenchée à la suite du rapport de la Chambre régionale des comptes.
Bobigny, le mercredi 29 mai. Le premier adjoint, Christian Bartholmé, à son bureau de l’hôtel de ville de Bobigny, au lendemain de la vague de perquisitions dans le cadre d’une enquête préliminaire du parquet national financier, déclenchée à la suite du rapport de la Chambre régionale des comptes. LP/C.G.

    Stylo à la main, Christian Bartholmé s'empare d'une pile de parapheurs pour « rattraper le retard », dans son bureau de l'hôtel de ville de Bobigny, qui a été perquisitionné mardi. Entre deux signatures, le premier adjoint au maire (UDI) de Bobigny a pris le temps de répondre à nos questions, ce mercredi. Christian Bartholmé dont l'épouse, Isabelle Lévêque, également adjointe en charge des affaires sociales et des personnes âgées, figure parmi la longue liste de personnes ayant reçu la visite depuis mardi des policiers spécialisés de la brigade de la répression de la délinquance économique.

    Leur travail est mené dans le cadre d'une enquête préliminaire, déclenchée en partie à la suite du rapport de la chambre régionale des comptes (CRC) de septembre 2018, sur la gestion de la ville. « Ils sont venus à cinq policiers, chez moi, à 6 heures et ont ensuite commencé la perquisition de mon domicile. On m'a simplement indiqué qu'il s'agissait d'une enquête pour détournement de fonds publics et sans autre précision que cette appellation générique », indique en substance l'élu.

    «Injuste et diffamatoire avec cette équipe municipale»

    « Je réfute complètement toute idée selon laquelle nous avons payé des gens ou donné des subventions pour gagner les élections », martèle Christian Bartholmé dont le rythme rapide de paroles tient par moments du débit de mitraillette. « Je pense qu'on est injuste, virulent et diffamatoire avec cette équipe municipale », détaille-t-il. L'élu a cependant déjà été condamné en 2016 à un stage de citoyenneté, pour violence morale en réunion, contre une ancienne adjointe au maire, Sabrina Saïdi.

    Il s'interroge encore sur la différence entre militantisme et clientélisme. « Qu'on me dise où la limite s'arrête », lance-t-il…

    « J'ai 55 ans, trente ans d'engagement politique et vous pensez que j'aurais attendu l'âge de 50 ans pour devenir une caillera (NDLR : une « racaille »), un truand ? Non ! Je suis le même que celui qui a travaillé à Drancy et Angoulême. » Le premier adjoint est en effet le « collaborateur du maire de Drancy », depuis dix ans, comme il le précise. A temps partiel, depuis fin 2014, toujours selon ses propos.

    Son bureau à la mairie de Drancy aussi perquisitionné

    Les enquêteurs ont également perquisitionné son bureau à la mairie de Drancy, dirigée par Aude Lagarde (UDI) ainsi celui qu'il occupe à Bobigny, en tant que premier adjoint.

    Tablettes, ordinateurs, clés USB, disques durs externes et des piles de documents ont été fouillés soigneusement par les policiers. « Des clés USB, j'en ai plein sur moi. Je m'en sers pour tout le temps pour travailler », s'agace légèrement Christian Bartholmé, en plongeant la main dans la poche de son veston, pour en sortir trois.

    Les enquêteurs se sont également rendus à la DRH puis à la DSI (services informatiques) de la ville de Bobigny, pour accéder à l'ensemble des messages de sa boîte mail. Mercredi, Christian Bartholmé n'avait pas non plus récupéré son téléphone portable.