Overdose mortelle : jusqu’à 8 ans de prison pour les trafiquants d’héroïne de Sevran

De lourdes peines ont été prononcées ce vendredi contre des trafiquants de drogue de Sevran, jugés depuis le début de la semaine : jusqu’à huit ans de prison ferme pour l’un des sept prévenus. Leur trafic avait causé la mort par overdose d’une de leurs clientes.

Sevran, illustration. C'est dans le quartier des Beaudottes, que prospérait le point de vente de cocaïne et d'héroïne qui avait causé l'overdose d'une jeune mère de 22 ans. LP/A.A.
Sevran, illustration. C'est dans le quartier des Beaudottes, que prospérait le point de vente de cocaïne et d'héroïne qui avait causé l'overdose d'une jeune mère de 22 ans. LP/A.A.

    Six, sept, huit ans. De lourdes sentences sont tombées ce vendredi 6 septembre à la 13e chambre correctionnelle de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Sept hommes étaient jugés pour un trafic de drogues dures (héroïne et cocaïne) à Sevran, mais aussi pour avoir provoqué un homicide involontaire, en l’occurrence, la mort par overdose à Paris en 2023 d’une de leurs clientes, une jeune femme de 22 ans, mère d’un enfant.

    Deux fratries étaient à la tête de « cette entreprise létale », comme l’avait qualifiée la substitut du procureur. Les trois frères S., Sekou, 36 ans Mody, 34 ans et Garigné, 32 ans, ont été condamnés, respectivement, à 8 ans, 6 ans et 7 ans de prison ferme. Ils étaient les plus impliqués dans ce trafic situé au 4-6 et 7 bis avenue Youri Gagarine à Sevran-Beaudottes.

    Grâce à une profusion d’écoutes, il a été établi qu’ils vendaient héroïne, cocaïne et cannabis depuis octobre 2022 et non depuis avril 2023 comme ils l’avaient soutenu. Ce qui permet de les rattacher à un homicide involontaire survenu le 20 mars 2023 : une jeune toxicomane de 22 ans était morte d’une overdose. Il sera prouvé qu’elle s’était fournie la veille en héroïne sur le point de stups des Beaudottes. Ce point de deal était devenu une affaire de famille car la fratrie S. faisait aussi travailler ses petits-neveux. Ce qui leur vaut aussi d’être condamnés pour corruption de mineurs. Trois autres mineurs également incriminés dans ce dossier seront jugés ultérieurement devant un tribunal pour enfants.

    30 000 euros pour le petit garçon de la victime

    Tous trois devront en outre verser chacun une amende de 40 000 euros. Tous sont interdits de séjour pendant cinq ans à Sevran. Pour l’autre fratrie, les D., qualifiés de cogérants du point de deal, les peines sont inférieures aux réquisitions : 7 ans au lieu de 8 pour Dialourou, âgé de 40 ans et 4 ans au lieu de 6 pour Tidiane, âgé de 26 ans.



    Me Arnaud Dilloard, avocat de ce dernier, s’avoue relativement satisfait. Son client a déjà purgé quinze mois de détention. Il avait plaidé la perte de repères de Tidiane après les morts successives de son père et de sa sœur. Sous l’influence de son frère aîné, il était entré dans le trafic. « Il est présenté comme un lieutenant. Ce n’était qu’un gamin perdu », a plaidé l’avocat qui avait demandé de le punir d’une « peine mixte pour lui laisser un espoir de mener une vie normale ».

    De plus, une peine de 7 ans a été délivrée à Yao T., 43 ans, un homme au passé judiciaire chargé, intermédiaire dans le trafic, et de 12 mois pour un jeune de 20 ans moins impliqué.

    L’Aide sociale à l’enfance (ASE) de Paris obtient une somme de 30 000 euros qui sera versée solidairement par tous les mis en cause. Il s’agit d’un dédommagement au titre du préjudice d’affection. Au procès, l’ASE représentait les intérêts du fils de la victime, un jeune garçon âgé de 4 ans et demi.