« Comment j’ai pu faire ça ? » : la marche rédemptrice d’Eva, 16 ans, ex-proxénète

L’adolescente, qui sera bientôt jugée pour avoir prostitué deux filles de son âge, s’est lancée dans une marche de 1 600 km jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle. On a pu la suivre de Santiago à Negreira, en Espagne. Comme elle, une cinquantaine de jeunes en très grande difficulté croiseront cette année la route des pèlerins, avec l’espoir d’un retour sur le droit chemin.

Eva, 16 ans, dont le prénom a été changé, à gauche, et Clémence, 27 ans, à droite, marchant sur le chemin de Compostelle. LP/Elsa Mari
Eva, 16 ans, dont le prénom a été changé, à gauche, et Clémence, 27 ans, à droite, marchant sur le chemin de Compostelle. LP/Elsa Mari 

    À l’aube, il n’y a presque aucun bruit. Seuls deux bâtons tapent sur le bitume. Eva (le prénom a été changé) et Clémence ne se quittent plus. Même après deux mois et demi de marche, elles baladent ensemble leur regard grand ouvert dans les ruelles de Santiago, l’étape finale du chemin de Compostelle, au nord-ouest de l’Espagne.

    Le sac à dos de gauche, c’est Eva, 16 ans, ado au destin fracassé, gosse de cité des Yvelines, en attente de son jugement pour proxénétisme aggravé. Teint bronzé de son père brésilien, cheveux noirs, claquettes-chaussettes à la ville, Mohamed Ali sur le tee-shirt. Celui de droite, c’est Clémence, 27 ans, rieuse et calme, son accompagnatrice de l’association Seuil, à l’initiative de ces marches de rupture, chance inédite pour ces mineurs de se réparer durant 1 600 km aux allures de catharsis.