« Des proxénètes rôdent devant les foyers » : le scandale des ados placées forcées à se prostituer

    En France, 15 000 mineurs de l’aide sociale à l’enfance, censés être protégés par l’État, seraient victimes de prostitution. Les éducateurs se disent impuissants. En crise, le secteur de la protection de l’enfance appelle à la mobilisation nationale, le 25 septembre.

    Les proxénètes «abordent» en ligne des jeunes vulnérables et les exploitent sur des sites «d’escorting» (Illustration). Sipa/Agencia Estado/Romero
    Les proxénètes «abordent» en ligne des jeunes vulnérables et les exploitent sur des sites «d’escorting» (Illustration). Sipa/Agencia Estado/Romero

    Robin (le prénom a été changé) sent le danger. « Ça rôde », dit-il, mains ouvertes. À tout moment, un proxénète peut lui enlever une de « ses gamines ». Des filles fragiles, fracassées par la vie, proie idéale d’un « petit copain », grand du quartier ou prédateur en ligne. Alors, dans ce foyer de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) d’Île-de-France, l’éducateur ne les lâche pas. Surveille leurs fréquentations. Dort sur place. En ce moment, Alya (le prénom a été changé), ado perdue en quête d’amour, l’inquiète. Le soir, dans sa chambre, elle discute sur les réseaux sociaux avec un homme au profil douteux. « Je lui dis : Attention, il va te prostituer dans un Airbnb ! » Rien n’y fait. Pour la protéger, décision a été prise de l’envoyer quelque temps en province.

    Voilà pour Alya. Et les autres ? « Malheureusement, certains éducateurs ne s’intéressent pas à eux, regrette Robin. Quand l’un fugue, ils n’essaient même pas de l’appeler ! Ils font une déclaration à la police et basta. Tous sont débordés, en burn-out ! »