Le rosé ne veut pas être coupé

Le rosé ne veut pas être coupé

    Ils se lèvent tous pour le vrai rosé ! Alors que l'Europe pourrait décider en juin d'autoriser le vin rosé coupé, constitué de mélanges de blanc et de rouge, des milliers de professionnels, parlementaires et particuliers s'organisent : lancé mardi dernier, le nouveau Club de la table française a décidé de mener sa première bataille en faveur du rosé de tradition.

    « La France produit 25 % du rosé mondial. Chez nous, 95 % des rosés sont faits de façon ancestrale, sans être coupés. Ce n'est pas le cas des autres pays européens, où on vend facilement un vin rosé différent », explique la sénatrice Catherine Dumas, présidente du Club, porté par des élus et soutenu par 200 parlementaires, des producteurs ou des chefs. « Le danger est que ce rosé européen risque d'être moins cher, et donc d'attirer le client, ajoute-t-elle. On ne veut pas d'une réglementation qui brade la qualité. »

    Etiquetage facultatif

    La directive visant à autoriser les mélanges doit être adoptée par l'Europe le 19 juin prochain. La concession, proposée par la Commission européenne, de porter un étiquetage facultatif avec la mention « vin rosé traditionnel » pour les vins de cépage et « vin rosé » pour les crus coupés ne change rien à l'affaire. « Cette solution n'assure pas une information suffisante du consommateur », s'indignent les défenseurs du rosé authentique, dont la pétition « Couper n'est pas rosé »* compte presque 30 000 signatures.

    Selon eux, accepter les mélanges reviendrait à avaliser une contrefaçon qui pourrait nuire aux producteurs français et à leurs efforts. Dans le sud de la France, 85 % des rosés sont d'appellation contrôlée. Une des raisons qui explique le succès de ce vin, dont les ventes ont triplé en quinze ans. Alors que l'Europe produit 75 % du rosé mondial, l'enjeu est de taille. Fait rassurant : selon un sondage Ifop, 87 % des Français sont opposés au coupage. Pour faire valoir sa position, le Club de la table française espère une entrevue avec le président de la République et les responsables du dossier à Bruxelles.

    * Sur le site Coupernestpasrose.com.