Les Saoudiennes autorisées à voyager sans l’accord d’un «gardien» mâle

Les femmes âgées de plus de 21 ans auront le droit de faire une demande de passeport sans avoir reçu au préalable la permission de leur mari ou de leur père.

 Les femmes ont obtenu des avancées dans le domaine des droits mais de nombreux interdits demeurent.
Les femmes ont obtenu des avancées dans le domaine des droits mais de nombreux interdits demeurent. AFP

    Après les avoir autorisées à conduire des voitures, les femmes en Arabie saoudite vont être autorisées à obtenir un passeport et à voyager à l'étranger sans l'accord préalable d'un « gardien » de sexe masculin. Une mesure écorne un peu plus le système saoudien dit de « gardien masculin » qui assimile les femmes à des mineures toute leur vie en les soumettant à l'autorité arbitraire de leur mari, père ou autres parents mâles.

    « Un passeport sera délivré à tout ressortissant saoudien qui en fera la demande », selon un décret gouvernemental publié dans le journal officiel Umm Al Qura. Désormais, les femmes saoudiennes de plus de 21 ans vont pouvoir obtenir un passeport et donc avoir la possibilité de quitter le pays sans avoir obtenu la permission préalable. Selon un autre journal pro gouvernemental, Saudi Gazette, cette mesure est comme « un pas de géant pour les femmes saoudiennes. »

    « Les rêves de certaines femmes ont été brisés à cause de leur impossibilité de quitter le pays pour étudier à l'étranger, pour répondre à une offre d'emploi ou même pour fuir si elles le désiraient », a commenté Muna AbuSulayman, la femme d'affaires sur Twitter en ajoutant : « Ce changement signifie que les femmes sont sur la voie de prendre totalement le contrôle de leur destinée légale. »

    Autre grande avancée : les Saoudiennes pourront désormais déclarer officiellement une naissance, un mariage ou un divorce, et être titulaires de l'autorité parentale sur leurs enfants mineurs, des prérogatives jusqu'ici réservées aux hommes.

    Des interdits encore nombreux

    Ces réformes surviennent alors que l'Arabie saoudite reste critiquée pour son comportement en matière de droits humains, notamment pour le procès en cours contre onze militantes s'étant élevées publiquement contre le système de « gardien masculin. »

    Néanmoins, le prince héritier Mohammed ben Salmane, alias MBS, qui dirige de facto le royaume ultraconservateur a annoncé vouloir faire des avancées dans ce domaine. Avancées qui ne peuvent pas être trop rapides sous peine de se mettre à dos des milieux plus radicaux attachés à cette société patriarcale. Ce n'est que depuis juin 2018, que les femmes sont autorisées à conduire des voitures.

    Cette ouverture des droits aux femmes est aussi économique. Avec la baisse des revenus du pétrole, le pays a besoin de trouver de la main-d'œuvre pour trouver de nouveaux déboucher. Si 60 % des femmes dans ce pays sont diplômées, seulement 20 % travaillent. L'objectif est d'atteindre un taux de l'ordre de près de 30 % dans les prochaines années.

    Cependant, les interdits sont encore nombreux : elles n'ont pas l'autorisation de détenir un compte bancaire, comme elles n'ont pas le droit d'avoir un contact avec un homme, les métiers en contact avec le public sont limités exceptés dans les hôpitaux ou les établissements secondaires…