« Surfer sur la dynamique des JO », mais avec moins de moyens… Le défi de Gil Avérous, nouveau ministre des Sports

    La passation entre Amélie Oudéa-Castéra et Gil Avérous a eu lieu ce lundi au 95 avenue de France. Le début d’une série de challenges pour le ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative du gouvernement Barnier.

    Gil Avérous a pris ses fonctions ce lundi au ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative. Il succède à Amélie Oudéa-Castéra aux Sports et à Sarah El Haïry à la Jeunesse. AFP/Thomas Samson
    Gil Avérous a pris ses fonctions ce lundi au ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative. Il succède à Amélie Oudéa-Castéra aux Sports et à Sarah El Haïry à la Jeunesse. AFP/Thomas Samson

    L’une était vêtue d’une veste en cuir couleur crème, l’autre habillé d’un costume sombre. La première déambulait, fidèle à sa verve naturelle, le second s’avançait timidement vers les caméras. Les yeux humides, Amélie Oudéa-Castéra quittait le pupitre du ministère des Sports pour la dernière fois ce lundi. Gil Avérous, lui, y montait, avec une retenue et une sobriété qui le caractérisent. Le parallèle entre leur personnalité comme un symbole : elle était celle des Jeux, de l’émotion, il sera celui de l’après, de la pérennisation.

    Le nouveau ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative cultive la discrétion. Cet élu local, maire de Châteauroux, a le goût du terrain. Méconnu, l’ancien LR est décrit par ses collaborateurs comme « le profil idéal » pour occuper sa nouvelle fonction. De nombreux défis l’y attendent, accompagnés d’un lourd héritage — celui des Jeux olympiques de Paris 2024 — et de difficultés — d’importantes coupes budgétaires.

    « C’est le projet qui fait l’argent, pas l’argent qui fait le projet », a-t-il rétorqué après la passation, citant « l’un de [s] es mentors », Nicolas Sarkozy. « Les lettres de cadrage prévoient une rigueur budgétaire, on le sait. À nous de mettre en place des actions qui puissent convaincre Matignon, là où se feront les arbitrages. »

    Devant le Sénat, Amélie Oudéa-Castéra annonçait une baisse de 130 millions pour les Sports en octobre 2023. Mais comme l’écrit L’Équipe ce lundi, celle-ci serait plutôt de 200 millions selon Éric Coquerel (LFI), le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale.

    « Une augmentation conséquente du nombre de licenciés »

    Pour autant, Gil Avérous a déjà plusieurs dossiers sur le feu. « Dans les urgences, nous devons répondre aux attentes des clubs, affirme-t-il. Dans la foulée de l’engouement des Jeux, on doit faire face à une augmentation conséquente du nombre de licenciés avec des préoccupations très terre à terre des responsables. » Assurer des créneaux et des infrastructures aux pratiquants, par exemple. Celui qui souhaite incarner l’image « d’un technicien, travailleur et proche de ses dossiers » fait de l’accessibilité un cheval de bataille.

    « Le Premier ministre (Michel Barnier) l’a exprimé fortement hier : il veut une grande ambition nationale du sport décentralisé. » Gil Avérous, « enfant de l’Indre », qui fut « maire de Fontguenand, petit village de 230 habitants », a été choisi pour ça. Parce qu’il croit fermement au pouvoir des territoires et de la province, « qui fourmillent d’idées et de réussites ». Lui qui avait bataillé pour que sa ville de Châteauroux arrache l’organisation des épreuves de tirs des Jeux.

    Soutenir la haute performance, surfer sur Paris 2024

    Et pour éviter que le soufflé olympique ne retombe, parce que « nous ne pouvons pas simplement passer à autre chose », le ministre s’engage aussi à accompagner les athlètes. « L’un des objectifs majeurs sera de renforcer notre soutien à la haute performance. Nous devons leur offrir des infrastructures de pointes et développer la formation, notamment dans les disciplines où notre potentiel est encore inexploité. » En jeu, bien sûr, l’avenir de l’Agence nationale du Sport et sa commission « Héritage 2024 ». Le président de l’ANS, Michel Cadot, qui vient de rejoindre le cabinet de Michel Barnier, était par ailleurs présent ce lundi lors de la passation.



    Gil Avérous a également précisé que le label Terre de Jeux 2024 était voué à perdurer. Toujours dans l’optique de faciliter l’accès au sport et accompagner les collectivités locales. Tout en mentionnant son engagement pour « la jeunesse de ce pays », puisqu’il succède aussi à Sarah El Haïry, ex-ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles.

    « Je ne viens pas ici pour révolutionner les choses. » Le nouveau ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative souhaite « surfer sur la dynamique » créée par ses prédécesseurs. Faire la même chose, donc, mais avec moins de moyens. Avec une première échéance, déjà, puisque l’État doit apporter au Comité international olympique la garantie financière de l’organisation des Jeux d’hiver 2030 le 1er octobre. Le jour même où Michel Barnier tiendra son discours de politique générale…