Ivry-sur-Seine : l’insertion prometteuse des Roms du bidonville Truillot

L’Etat, la ville et le département (PCF) accompagnent depuis bientôt trois ans 32 familles de l’ancien campement. Leur pari ? L’intégration par le logement.

 Ivry-sur-Seine, rue Truillot, le 9 juillet 2015. Avant l’évacuation du camp de la rue Truillot, les habitants ont fait l’objet d’un accompagnement sans précédent.
Ivry-sur-Seine, rue Truillot, le 9 juillet 2015. Avant l’évacuation du camp de la rue Truillot, les habitants ont fait l’objet d’un accompagnement sans précédent. LP/Lucile Métout

    Il a longtemps été le plus grand bidonville du Val-de-Marne et son démantèlement était inéluctable. Mais avant l'évacuation du camp de la rue Truillot, le 9 juillet 2015 à Ivry-sur-Seine, les habitants ont fait l'objet d'un accompagnement sans précédent porté dès 2010 par le Collectif de soutien aux Roumains d'Ivry. Certains ont même accepté une expérimentation d'ampleur inédite : l'insertion par le logement pour 32 familles, soit 153 personnes.

    Mairie (PCF), département (PCF) et Etat ont fait le choix de travailler ensemble pour relever ce pari de l'intégration. Mise de départ? 1 M€ et 22 hébergements temporaires et un opérateur social (ALJ 93 devenue depuis Alteralia). Vingt-six familles vivent aujourd'hui en toute autonomie. Comme Daniela à Vitry, qui « n'imaginait pas avoir un appartement un jour ».

    La préfecture d'Ile-de-France se félicite de ce « résultat encourageant », fruit d'un « partenariat exemplaire » malgré « certaines divergences de vue », « qui s'inscrit dans l'esprit » de l'instruction du 25 janvier dernier. Le Gouvernement entend là « donner une nouvelle impulsion », plus humaine, à la « résorption des campements illicites ».

    Ivry se dit « prête à partager son action et son expérience locale ». « Au départ on a bricolé. On a même été dépassé, avoue la ville. Mais aujourd'hui, la majorité des familles est passée de la débrouille au droit commun. »

    Ivry, le 9 juillet 2015, lors de l’évacuation du camp Truillot. LP/L.M.
    Ivry, le 9 juillet 2015, lors de l’évacuation du camp Truillot. LP/L.M. LP/Lucile Métout

    Il en a déjà coûté plus 1,4 M€ à l'Etat pour la construction des pavillons du Village de l'Espoir et l'accompagnement au quotidien, 650 000 € au département pour la réhabilitation des logements et l'aide au fonctionnement, et 250 000 € à la région. La mairie, elle, a prêté son foncier. Mais elle l'assure : l'enveloppe aura représenté « 6 000 € de moins par personne et par an qu'un hébergement à l'hôtel qui, rappelons-le, n'inclut pas d'accompagnement social. »

    Convaincue, la préfecture de région « poursuivra son engagement au cours des trois années à venir ». De quoi achever l'expérimentation en cours et « assurer l'insertion de nouvelles familles ».

    De quoi conforter Ivry dans sa « stratégie globale » d'éradication des « spots de misère ». Au 1 er janvier, la mairie a d'ailleurs créé un poste de chargé de mission « résorption des bidonvilles ». Un puits sans fond pour cette terre d'accueil historique? « Nous ne constatons pas d'implantation nouvelle, affirme la ville. Il y a même des évacuations que nous soutenons ».

    Ivry-sur-Seine, en février. Les bidonvilles de la Villa des Sorbiers (en haut) et de la rue Mirabeau sont devenus la « priorité » de la municipalité communiste.