Villeneuve-Saint-Georges : Claude, mort de solitude

Cet homme de 62 ans, isolé, vivait dans un pavillon délabré du sud de la ville. Son corps inerte a été découvert lundi.

 Villeneuve-Saint-Georges, ce mercredi. Le pavillon de l’allée des Bosquets, où le corps décomposé de Claude a été retrouvé en début de semaine.
Villeneuve-Saint-Georges, ce mercredi. Le pavillon de l’allée des Bosquets, où le corps décomposé de Claude a été retrouvé en début de semaine. LP/Bartolomé Simon

    Il est mort entouré de ses sept chats. Le corps de Claude Monnier, 62 ans, a été retrouvé inerte ce lundi dans son pavillon du sud de Villeneuve-Saint-Georges.

    L'odeur irrespirable de son cadavre en décomposition avait attiré l'attention de ses voisins, qui ont appelé les pompiers. Son corps a été transféré à l'Institut médico-légal de Paris.

    Ce mercredi, l'odeur du pavillon de l'allée des Bosquets frappe encore depuis la rue. Une gerbe de lavande a été accrochée sur le portail. Un bout de carton scotché par du plastique obstrue un carreau cassé qui donne sur la rue. « C'est moi qui lui ai conseillé de le réparer, explique Etienne, son voisin d'en face. Il y avait un trou depuis des années. »

    On le croisait parfois dans le quartier

    En jetant un coup d'œil à travers le portail, on distingue l'entrée du logement, qui servait aussi de cuisine. Une large tache noirâtre recouvre le sol. L'intérieur ne semble pas entretenu. Quant à l'extérieur, la végétation alentour semble manger la maison tant elle l'enveloppe.

    Dans le quartier, calme et pavillonnaire, on croisait parfois cet homme en guenilles, à la barbe hirsute, le pantalon coupé au-dessus des chevilles, coiffé d'un petit couvre-chef. A travers la description de ses voisins, on devine la chronique d'une vie de solitude. Presque celle d'un ermite. « C'est à peine s'il ouvrait les fenêtres », poursuit Etienne.

    Villeneuve-Saint-Georges, ce mercredi. L’entrée du domicile de Claude, qui lui servait aussi de cuisine. LP/Bartolomé Simon
    Villeneuve-Saint-Georges, ce mercredi. L’entrée du domicile de Claude, qui lui servait aussi de cuisine. LP/Bartolomé Simon LP/Bartolomé Simon

    « On l'apercevait lorsqu'il faisait ses courses au Franprix du centre », explique un voisin. Deux ou trois fois par semaine, il sortait alors sa charrette et remontait la longue côte qui mène à son pavillon. Sa seule sortie.

    C'est à cette occasion qu'Etienne le surprend, durant la canicule la semaine dernière, à mettre les mains sur ses genoux au retour des courses. « Il me disait que ça allait ; mais il montrait des signes de fatigue, confie le voisin. C'est malheureux ».

    En 28 ans de vie à Villeneuve, Etienne a connu les parents de Claude. La mère du défunt était institutrice. A sa mort, début 2000, Claude a emménagé dans le pavillon. « Il avait le caractère de son père : solitaire, explique Etienne. Il n'avait de contact avec personne. Je lui apportais parfois des fruits et légumes de mon jardin. Je suis passé vendredi. Mais ça ne répondait déjà plus. »

    Villeneuve-Saint-Georges, ce mercredi. La porte du pavillon de Claude, sur laquelle une gerbe de fleurs et de lavande a été déposée. LP/Bartolomé Simon
    Villeneuve-Saint-Georges, ce mercredi. La porte du pavillon de Claude, sur laquelle une gerbe de fleurs et de lavande a été déposée. LP/Bartolomé Simon LP/Bartolomé Simon

    L'un de ses voisins se demande si le drame aurait pu être évité. « Un service social devrait pouvoir tourner et détecter les personnes isolées, propose-t-il. A côté de chez moi, je vérifie quand les volets des personnes âgées s'ouvrent ou non. C'est presque du civisme. »

    Il souhaiterait également la venue d'un service de propreté en raison des odeurs. De son côté, la mairie indique ce mercredi en fin de journée que la police va intervenir dans la soirée. « La ville va réquisitionner une entreprise dédiée dès demain », indique la municipalité.

    En attendant, les autorités recherchent les héritiers de Claude. Lequel aurait un frère avec qui il aurait perdu contact. Pas de quoi convaincre son voisin : « Et s'il n'a pas d'héritier, on fait quoi ? »