Villiers : Joséphine Baker et sa «tribu arc-en-ciel» racontées par sa fille

Marianne Bouillon-Baker est venue témoigner de son expérience lors d’une animation pour les ados autour de la diversité. Un témoignage inédit et passionnant.

 Villiers, ce samedi. Marianne Bouillon-Baker est venue à la médiathèque de Villiers témoigner sur sa famille dans le cadre d’un bibliados sur la diversité.
Villiers, ce samedi. Marianne Bouillon-Baker est venue à la médiathèque de Villiers témoigner sur sa famille dans le cadre d’un bibliados sur la diversité. LP/A.-L. A.

    « Je vivais dans un château (NDLR : le château des Milandes dans le Périgord) et je déambulais avec les tenues de scène de ma mère. Pour moi, la vie était comme dans les contes où il y a des princesses. » Dans l'assemblée, des sourires et un public captivé par le formidable récit de Marianne Bouillon-Baker, l'une des deux filles de Joséphine Baker (1906-1975) et du chef d'orchestre Jo Bouillon. Invitée par le service jeunesse de la médiathèque de Villiers dans le cadre d'un biblioados sur la diversité, celle qui est devenue archiviste a livré ses souvenirs pour la première fois devant un public. Pourquoi Villiers ? Tout simplement parce qu'elle y a un proche, qui travaille dans la structure.

    Alors qu'elle est âgée de seulement quelques mois, Marianne Bouillon-Baker est adoptée par la star du music-hall en Algérie avec un petit garçon, Brahim. L'artiste a constitué sa « tribu arc-en-ciel », comme elle le disait elle-même, en adoptant douze enfants de pays et religions différents. Son rêve : montrer un exemple concret de fraternité universelle.

    «On a appris à accueillir les autres»

    « Quand un petit frère ou une petite sœur arrivait, on allait les chercher à la gare ou à l'aéroport. Notre mère revenait avec un enfant à la suite d'un coup de cœur », raconte l'invitée. Jari, c'est celui qui lui a fait « coucou » en Finlande. En Côte d'Ivoire, il y avait un bébé sur le bord de la route. Son père, qui n'était pas sûr que ce soit son fils, faisait passer un troupeau de vaches à côté de lui pour voir un signe. « Ma mère a dit, si tu n'es pas sûr, moi je le suis. Et Koffi est arrivé… On était heureux. On a appris à accueillir les autres », reprend Marianne en souriant.

    Celle-ci décrit une mère « très câline », un vrai clan, dont les membres ne sont pas toujours d'accord, mais qui défend le petit frère ou la petite sœur en cas d'altercation avec les autres enfants de l'école du village : « On passait notre temps à se battre. Du coup, on a eu un précepteur à la maison ». Tous sont allés en pension vers l'âge de 10 ans. « Moi, j'ai eu du mal. Petite, je me cachais dans les malles de ma mère et on me découvrait avant de monter dans le train car je n'arrivais plus à respirer. Du coup, je partais en tournée avec elle ! », plaisante-t-elle.

    La fratrie se revoit régulièrement. Une fête doit bientôt réunir tout le monde pour les 40 ans de Marie, l'une des filles de Marianne. L'autre, âgée de 35 ans, s'appelle… Joséphine.